Le parquet de Bahreïn a ordonné samedi la détention pendant sept jours d'un militant chiite, Youssef al-Mahafdha, accusé d'avoir participer à une manifestation interdite, a annoncé son avocat. Me Mohamed al-Wasta a ajouté sur son compte Twitter que M. Mahafdha avait été arrêté par les forces de sécurité vendredi soir à Darraz, un village chiite près de Manama, où a eu lieu une manifestation malgré l'interdiction de toute protestation de rue édictée cette semaine par les autorités. M. Mahafdha a expliqué sur son compte Twitter qu'il était entré à Darraz "à la fin de la manifestation" pour s'enquérir des conditions dans lesquelles une personne avait été blessée, selon sa famille, par des tirs à la chevrotine "à l'entrée de sa maison, sans qu'elle ne participe à la manifestation". Le militant enquête sur les violations des droits humains pour le Centre des droits de l'Homme à Bahreïn de Nabil Rajab, qui purge une peine de 3 ans de prison pour avoir participé et appelé à des manifestations non autorisées. Selon des témoins, des dizaines de personnes ont manifesté vendredi dans plusieurs villages chiites, dont Darraz, et scandé des slogans hostiles au gouvernement, défiant ainsi l'interdiction de manifester. Le 30 octobre, le ministère de l'Intérieur avait annoncé l'interdiction des manifestations pour préserver "la paix civile", après une série de protestations de l'opposition chiite, parfois émaillées de violences, dans ce petit royaume du Golfe dirigé par une dynastie sunnite. Le gouvernement bahreïni a ensuite souligné le caractère "provisoire" de l'interdiction, critiquée par Washington et l'ONU. Cette interdiction est "contraire aux engagements du Bahreïn de réformer", avait ainsi déclaré un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, tandis le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait estimé que cette mesure "pourrait aggraver la situation" à Bahreïn, selon son porte-parole, Martin Nesirky. Bahreïn est secoué depuis l'an dernier par un mouvement de contestation, animé par des chiites, majoritaires dans le pays, qui réclament une monarchie constitutionnelle avec un Premier ministre issu de la majorité parlementaire. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), 80 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte.