Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), groupe dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est devenu l'un des maîtres du nord du Mali et s'est illustré par des prises d'otages, dont celle d'humanitaires nigériens libérés samedi. Selon l'un des ex-otages, le Mujao est responsable du rapt le 14 octobre à Dakoro (sud-est du Niger) de cinq Nigériens et d'un Tchadien travaillant pour des ONG humanitaires. Les Nigériens ont été libérés samedi, mais le Tchadien, blessé par balle lors du rapt, est décédé. L'acte de naissance du Mujao date du 10 décembre 2011: le groupe, issu d'une scission au sein d'Aqmi, revendique alors l'enlèvement fin octobre 2011 dans l'ouest de l'Algérie de trois coopérants européens, de nationalité espagnole et italienne. Fondé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abou Ghoum-Ghoum, le groupe a accédé aux premiers rôles en 2012 en s'emparant il y a sept mois de la partie septentrionale du Mali aux côtés des jihadistes d'Aqmi et du groupe islamiste Ansar Dine, adepte d'une application rigoriste de la charia (loi islamique) dans tout le Mali. Depuis lors, sa place forte est la grande ville de Gao (nord-est), dont il s'est rendu totalement maître en évinçant, à l'issue de violents combats fin juin, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, sécessionniste et laïc), rébellion touareg supplantée par les islamistes dans toute la région. Les ponts ne sont pas coupés avec Aqmi. Le Mujao a été formé par des membres d'Aqmi "dont nous refusons toujours la dissidence, mais avec lesquels nous coopérons et restons en dialogue permanent", déclarait Yahya Abou El Hamame, nouveau chef d'Aqmi pour le Sahel et le Sahara, à un média mauritanien en octobre. Au départ composé d'Arabes maliens ou mauritaniens, le Mujao recrute des jihadistes dans les pays de la région, mais également dans les communautés noires maliennes. Il aurait commis plusieurs attentats contre les forces algériennes et a revendiqué en avril le rapt du consul d'Algérie et de six membres de sa mission à Gao, dont trois ont été libérés. Le groupe armé a annoncé l'exécution du vice-consul en septembre, mais Alger a dit ne disposer d'aucune information sur cette annonce. De nombreux responsables ouest-africains estiment que le Mujao est le moins idéologue des groupes islamistes du nord du Mali, et le considèrent davantage comme un groupe criminel vivant de trafics. Il semble tirer des financements du trafic de drogue. Selon des sources concordantes, des personnalités connues pour leur implication dans ce trafic feraient partie de ses instances dirigeantes.