L'Algérie a défendu vendredi sa préférence pour le dialogue entre Maliens de manière à "isoler" et "affaiblir" certains des groupes occupant le nord du pays, pour ensuite les éliminer par la force, selon un haut responsable du ministère algérien des Affaires étrangères. "Il faut cibler exclusivement les terroristes (d'Aqmi - Al Qaïda au Maghreb islamique) et les narcotrafiquants (du Mujao - Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) car ils constituent la menace", a déclaré le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères Amar Belani à l'hebdomadaire El-Watan Week-End. Il faisait ainsi référence à une intervention militaire commune de pays d'Afrique de l'Ouest en cours d'élaboration. "La lutte contre ces groupes, qu'il faut isoler et affaiblir au préalable n'en sera que facilitée une fois que les groupes de la rébellion touareg auront été engagés dans un dialogue politique avec les autorités centrales de Bamako", a-t-il expliqué. Alger, puissant voisin du Mali où il a plusieurs fois joué les médiateurs entre touareg et Bamako, a obtenu que les rebelles touareg d'Ansar Dine, l'un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, fassent mercredi d'importantes concessions, renonçant à imposer la loi islamique dans tout le pays, rejetant le terrorisme et acceptant de négocier. Pour Alger, "une intervention qui ne ciblerait pas exclusivement les terroristes, en épargnant les mouvements et populations du Nord-Mali, comporte des risques élevés de dommages collatéraux". Cette situation aura "des répercussions graves sur la stabilité de toute la région", a averti M. Belani. "Dans nos contacts avec nos partenaires américains et français, nous disons justement qu'il faut d'abord s'entendre sur la définition de la menace au Nord-Mali afin d'éviter la confusion et les dommages collatéraux", a-t-il souligné. Le 11 novembre, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a approuvé l'envoi au Nord du Mali d'une force militaire soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux. L'ONU doit encore donner son feu vert, avant le 27 novembre.