Les chefs d'état-major des pays d'Afrique de l'Ouest ont affiné samedi à Abidjan leur plan pour une opération au Mali, dont le Nord est occupé par des groupes islamistes armés, alors que l'ONU a émis de fortes réserves sur le schéma jusque là proposé. "Nous avons parfait aujourd'hui le +concept d'opération harmonisé conjoint+", c'est-à-dire le plan d'intervention (censé définir la mission, les effectifs, etc.), adopté par la région et l'Union africaine et transmis au Conseil de sécurité des Nations unies, a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef de l'armée ivoirienne. Lors de leur réunion qui a commencé samedi matin et s'est achevée dans la nuit, les responsables militaires ont validé une "planification un peu plus poussée" de cette opération, a poursuivi le général Bakayoko, dont le pays préside la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Selon lui, les participants sont allés "plus loin" dans l'examen du "niveau de préparation" des pays qui ont promis de fournir des troupes à cette force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma). Cet état des lieux va se poursuivre, a souligné l'officier ivoirien, relativisant de facto les déclarations de certains responsables politiques régionaux tendant à faire croire que les troupes sont fin prêtes et n'attendent plus qu'un feu vert pour intervenir. L'Union africaine et la Cédéao espèrent que le Conseil de sécurité adoptera en décembre une résolution autorisant le déploiement de cette force, destinée à chasser les groupes islamistes armés occupant seuls depuis juin le Nord malien. Mais le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exprimé récemment de fortes réserves sur une telle opération et sa conception. A l'ouverture de la réunion, le ministre ivoirien de la Défense, Paul Koffi Koffi, avait d'ailleurs reconnu que les partenaires des pays africains avaient soulevé des "préoccupations" en vue de la finalisation du projet de résolution. Le général Bakayoko n'a cependant pas précisé si et comment les chefs militaires ouest-africains, dont les conclusions doivent être transmises aux chefs d'Etat de la région, avaient répondu à ces préoccupations.