Un recours aux armes chimiques constituerait un "suicide politique" pour le régime syrien de Bachar al-Assad, a estimé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans un entretien diffusé lundi par la chaîne Russia Today. "Je ne pense pas que la Syrie se serve d'armes chimiques. Si c'est le cas, cela constituera un suicide politique du gouvernement", a déclaré le chef de la diplomatie sur la chaîne russe en langue anglaise. "Chaque fois que nous parviennent des rumeurs ou des informations qui indiquent que les Syriens font usage d'armes chimiques, nous les vérifions deux ou trois fois, nous nous adressons au gouvernement, et à chaque fois on nous assure fermement qu'ils ne le feront pas quelles que soient les circonstances", a-t-il ajouté. Moscou reste l'un des derniers soutiens du régime syrien et lui vend des armes. Selon des experts, la Syrie dispose de stocks d'armes chimiques qui datent des années 1970 et sont les plus importants du Moyen-Orient, avec des centaines de tonnes. La communauté internationale a multiplié au début du mois les mises en garde à Damas contre le recours à ces armes chimiques, après des que des responsables américains avaient affirmé sous couvert de l'anonymat que des préparatifs étaient en cours. Le régime syrien a reconnu pour la première fois fin juillet posséder des armes chimiques et a menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa population Samedi, M. Lavrov avait affirmé que les Occidentaux exprimaient en privé la crainte que les armes chimiques ne tombent entre les mains de certaines factions de l'opposition. Il avait affirmé que les autorités syriennes avaient regroupé ces armes "dans un ou deux centres" dans le but d'assurer leur sécurité. Avec la Chine, la Russie a bloqué jusqu'ici tous les projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant le président Bachar al-Assad et ouvrant la porte à des sanctions voire au recours à la force. "Notre priorité, ce n'est pas la tête de qui que ce soit, c'est la fin de la violence et du bain de sang. (...). Le sort d'Assad doit être décidé par le peuple syrien, et non par des parties extérieures et une partie de l'opposition syrienne", a répété lundi M. Lavrov. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, a par ailleurs confirmé lundi que la Russie se préparait à évacuer ses ressortissants présents en Syrie. "Si c'est indispensable, les citoyens russes se verront offrir le soutien et l'assistance nécessaires, y compris dans le cas où une évacuation serait décidée", a-t-il indiqué dans un communiqué. Selon des sources au sein de l'Etat major citées par les agences russes, deux nouveaux navires de guerre russes ont été envoyés vers le port syrien de Tartous, seule implantation navale russe en Méditerranée. Cette vase, située à 220 kilomètres au nord-ouest de Damas, a été créée en vertu d'un accord conclu en 1971, à l'époque soviétique. La Russie a déjà indiqué avoir dépêché une flottille de navires de guerre dans la zone. Jeudi, lors de sa première grande conférence de presse depuis son retour au Kremlin, le président russe Vladimir Poutine s'est défendu de vouloir maintenir "à tout prix" Bachar al-Assad au pouvoir et a assuré encourager au dialogue pour éviter une désintégration du pays. Quelques jours plus tôt, le vice-ministre russe des Affaires étrangères en charge du dossier syrien, Mikhaïl Bogdanov, avait estimé que le régime syrien perdait "de plus en plus" le contrôle du pays et qu'une victoire de l'opposition dans ce conflit n'était pas à exclure, selon les agences russes.