Des questions, des doutes et des angoisses m'ont accompagnés lors de mon voyage pour rencontrer le repenti 'Khireddine S.', cet homme de 30 ans. La route vers son lieu de residence était difficile et ses accès accidentés rendant le voyage plus dur que dangereux. Nous sommes arrivés dans la Dechra où habite provisoirement Khireddine, vu les conditions dans lesquelles il vit après sa reddition aux forces de sécurité. Nous l'avions trouvé aux aguets, lorsqu'il a entendu le moteur du notre voiture, mais il s'est vite calmé lorsqu'il a su qui nous étions. Il nous invita à entrer dans la modeste maison. Il mordait ses ongles et grattait sa tête, et lorsqu'il a remarqué que j'étais troublée, il me dit avec tristesse « C'est eux qui m'ont fait cela » En discutant avec Khireddine, j'ai senti qu'il était instruit, contrairement aux autres terroristes que j'ai rencontrés. Il connaissait les lois et les textes de la constitution et avait même des notions en médecine. Khireddine a préféré narrer les détails de sa vie qui était très normale au début. Il nous dit qu'il avait grandit au sein d'une famille moyenne composée de sept personne en plus de ses grands parents qui étaient la base de la famille. « J'étais un bon résultats à l'école et surtout en sciences religieuses. Nous avons grandis dans une famille algérienne conservatrice très à cheval sur l'honneur et la morale. J'étais très respecté par mes enseignants qui me citaient en exemple. Khireddine se tait un moment, puis continue « Ah, j'ai oublié de vous offrir quelque chose ». Il insista beaucoup et nous acceptâmes du thé. Il continue à nous raconter sa triste vie. Après avoir eu son certificat de l'enseignement fondamental, il a rejoint le lycée. « J'étais fier d'avoir réussi étant l'aîné de la famille. Mon grand père disait que j'étais l'homme de la maison. Ceci m'a encouragé et j'ai réussi au baccalauréat. C'était la fête à la maison. J'ai alors rejoint l'université d'Alger. Imaginez que vous veniez d'un village conservateur (dont il refusa de donner le nom pour des raisons personnelles) et que vous vous trouviez en Amérique. C'est ce qui m'était arrivé. Il m'a été difficile de m'adapter avec le mode de vie dans la capitale. J'ai alors su que soit je réussi, soit je rate tout. Avec le temps, l'écart agrandissait ente moi et l'université. Je passais des heures et des heures dans la mosquée de peur d'être emporté par les courants vers l'inconnu. Un jour, alors que nous étions dans un café de la capitale où on regardait les évènements de la Palestine, j'avais crié à haute voix « Ouvrez nous les portes pour le djihad. » L'idée du djihad m'est alors venue à l'esprit. C'était alors le début de mon histoire avec les groupes armés. Des gens m'ont suivit et après de longues discussions, ils m'ont parlé du djihad en Irak et en Palestine. On nous a fait croire qu'on allait combattre en Irak mais ils nous ont poussé à tuer nos frères Je me suis retrouvé avec des hommes armés, et là, j'avais compris que j'étais dans une impasse. J'ai essayé de comprendre mais personne n'a voulu rien me dire. Après environ un mois, un homme de grande corpulence est venu à nous. Il nous dit « Je suis votre frère en Dieu, vous allez voyager pour effectuer des entraînements dans le but d'aller pour le djihad ». Nous sommes alors partis pour le Mali. Khireddine raconte qu'ils ont reçus des entraînements sur les armes et après un certain temps, ils ont reçus l'ordre d'attaquer des douaniers algériens sur les frontières. Là, j'avais compris que j'appartenais aux groupes armés. Les terroristes préparaient des attaques suicides contre le siège du ministère de la défense et la direction de la DGSN Après six mois au Mali, ils m'ont demandé de retourner en Algérie et plus exactement à Jijel, où j'avais rencontré des éléments de l'organisation El Qaïda au Maghreb Islamique. Ce jour là, ils se préparaient à faire sauter une bombe contre les éléments de l'ANP. Ils m'ont demandé de les accompagner mais j'ai fais semblant d'être fatigué. L'un d'eux me demanda alors de tenir une camera et de filmer l'opération terroriste. Fin décembre, ils reçurent des ordres de Droukdal, l'émir national d'El Qaïda. Celui-ci leur demandait de choisir les meilleurs éléments pour l'exécution de la plus grande opération de l'année. L'objectif était les sièges du ministère de la défense nationale et la direction de la sûreté nationale en plus du siège de la police de la capitale. Ils ont insisté sur la nécessité d'exécuter les 12 opérations le même jour car, après les explosions, il allait y avoir un encerclement et les déplacements deviendraient difficiles. J'ai alors su que ces gens là n'avaient ni foi ni loi. Ils s'entretuaient pour les postes de responsabilité. Beaucoup d'entre eux consommaient des comprimés anxiolytiques, surtout après que Droukdal soit tombé malade. Khireddine raconte que tous les terroristes étaient des lâches et des peureux. Ils craignent même leurs ombres. Khireddine a insisté, à la fin de notre entretien, à faire parvenir un message aux jeunes dans laquelle il les met en garde contre ceux qui tenteraient d'exploiter leur ferveur et leur jeunesse pour des desseins lugubres par les terroristes qui, selon Khireddine, on vendu leur âmes et consciences et leur pays pour quelques sous dont ils ne jouissent même pas, tout cela ne fait que le bonheur de l'Amérique et d'Israël.