Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi a tenu son pari de faire passer un projet controversé de Constitution, mais son pouvoir reste mis à l'épreuve par la crise économique, le regain de mobilisation de l'opposition et les inquiétudes internationales. Les résultats officiels proclamés mardi soir donnent 63,8% au "oui", une majorité confortable toutefois assortie d'une faible mobilisation des 52 millions d'électeurs inscrits, qui ne sont que 32,9% à avoir voté. M. Morsi a dans la foulée signé le décret d'application du texte. Le camp présidentiel estime que cette nouvelle loi fondamentale va permettre de stabiliser un pays à la transition chaotique depuis le renversement de Hosni Moubarak en juin 2011. Le Premier ministre Hicham Qandil a assuré qu'il n'y avait "pas de vaincu" et que cette Constitution serait celle de "tous les Egyptiens", malgré des semaines de manifestations qui ont parfois donné lieu à des violences meurtrières entre les deux camps. L'opposition laïque, qui reproche à cette Constitution d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation et d'offrir peu de garanties pour certaines libertés, a réaffirmé qu'elle allait continuer à demander l'invalidation du vote, entaché selon elle de fraudes et d'irrégularités. L'opposition, morcelée et quasiment inaudible depuis l'élection en juin de M. Morsi, candidat des Frères musulmans, a également promis de consolider l'amorce d'unité et le regain de pugnacité qui se sont manifestés ces dernières semaines. Un premier test devrait survenir avec des législatives prévues dans deux mois pour renouveler la chambre des députés, dissoute en juin. En attendant cette élection, l'adoption de la Constitution doit se traduire par le transfert au Sénat -la chambre haute encore en activité, dominée par les islamistes- de la totalité du pouvoir législatif, assuré jusqu'à présent par. Morsi.