Le président Morsi n'en démord pas et maintient pour samedi le référendum sur la nouvelle loi fondamentale L'armée retrouve (...) le pouvoir d'arrêter des civils, un droit très décrié à l'époque où les militaires dirigeaient le pays - de la chute de Hosni Moubarak en février 2011 à l'élection de M. Morsi en juin 2012. Le président égyptien Mohamed Morsi a chargé l'armée d'assurer la sécurité jusqu'aux résultats du référendum constitutionnel de samedi, au centre d'une grave crise politique et d'appels à manifester aujourd'hui qui font planer la menace de nouvelles violences. Par ce décret prenant effet hier, l'armée retrouve aussi le pouvoir d'arrêter des civils, un droit très décrié à l'époque où les militaires dirigeaient le pays - de la chute de Hosni Moubarak en février 2011 à l'élection de M. Morsi en juin 2012. Le chef de l'Etat, issu des Frères musulmans, a demandé à l'armée «d'appuyer les services de police et de coopérer avec elle» jusqu'aux résultats du référendum. «Les officiers et sous-officiers des forces armées participant aux missions de préservation de la sécurité et de protection des installations vitales de l'Etat (...) ont tous les pouvoirs d'arrestation judiciaire», selon le décret. Signe supplémentaire d'un climat politique et social tendu, M.Morsi a dans la nuit renoncé à appliquer des hausses de taxes sur des produits de base (acier, ciment) et de grande consommation (cigarettes, sodas notamment), quelques heures après les avoir décidées. Il a demandé au gouvernement du Premier ministre Hicham Qandil «d'ouvrir un dialogue» sur ces mesures pesant sur les prix, a rapporté l'agence officielle Mena. Le parti des Frères musulmans, Liberté et Justice (PLJ), dont est issu M.Morsi, avait publié dans la nuit un communiqué rejetant ces hausses susceptibles «d'alourdir le fardeau des plus pauvres». Après plus de deux semaines d'une crise marquée par de nombreuses manifestations parfois meurtrières, les deux camps appellent à de nouveaux rassemblements rivaux aujourd'hui dans le pays. Des affrontements entre militants des deux bords mercredi soir près du palais présidentiel au Caire avaient fait sept morts et des centaines de blessés. L'armée a déployé des chars et des soldats pour protéger les abords de la présidence, dans le quartier d'Héliopolis. L'armée égyptienne, toujours influente après l'élection de M.Morsi, premier président civil du pays, a appelé samedi au «dialogue» et ajouté qu'elle ne permettrait pas que le pays connaisse un «désastre». M.Morsi a cherché à calmer les critiques en décidant samedi soir l'annulation d'un décret du 22 novembre qui lui accordait de quasi pleins pouvoirs en plaçant ses décisions au-dessus de tout contrôle judiciaire. Mais il a maintenu dans le même temps au 15 décembre le référendum sur un projet de Constitution qui provoque la colère de l'opposition libérale et de gauche, ainsi que des milieux laïques et des églises chrétiennes. L'opposition estime que le texte ouvre la voie à une extension de l'application de la loi islamique (chari'â) et offre peu de garanties pour les libertés. La presse d'hier reflétait la division du pays. Pour le journal indépendant al-Masry al-Yom d'hier, «les révolutionnaires disent +non+» au référendum. Le quotidien des Frères musulmans, Liberté et Justice, affirmait en revanche que le projet de Constitution allait «permettre au pays de marcher». «C'est vrai, la Constitution est ambiguë», a déclaré dimanche soir le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius dans l'émission Le Grand Jury RL-Le Figaro-LCI. L'un des articles «peut permettre une confessionnalisation' beaucoup plus poussée du régime et (il y a) toute une série de dispositions qui, si elles étaient assorties de lois liberticides, pourraient être dangereuses», a-t-il ajouté. Le président américain Barack Obama et l'Union européenne ont exprimé leur inquiétude ces derniers jours face à la situation en Egypte, et appelé le pays à poursuivre sur la voie de la démocratisation engagée après la chute de Hosni Moubarak.