La Russie a estimé samedi qu'une solution politique pour régler le conflit en Syrie était encore envisageable mais averti qu'il était impossible de persuader le président Bachar al-Assad de quitter le pouvoir. A l'issue d'une rencontre à Moscou avec l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré que les deux hommes étaient "unanimes pour dire que les chances d'atteindre une solution politique existaient toujours" pour mettre fin au conflit qui a fait 45.000 morts en 21 mois. M. Lavrov a cependant souligné qu'il était impossible de persuader le président Assad de quitter le pouvoir, comme le réclament plusieurs pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, ou des pays arabes comme l'Egypte qui a jugé samedi que le régime actuel n'avait "pas de place" dans la future Syrie. M. Assad "a dit à maintes reprises (...) qu'il n'avait l'intention d'aller nulle part, qu'il resterait à son poste jusqu'au bout (...). Il n'est pas possible de changer cette position", a déclaré M. Lavrov. La Russie, seule grande puissance à entretenir encore des relations étroites avec Damas, a bloqué jusqu'ici avec la Chine tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le président Assad. Mais Moscou a semblé ces derniers temps prendre ses distances avec Damas et se préparer à l'après-Assad. Le président Vladimir Poutine a notamment déclaré la semaine dernière que la famille Assad était "au pouvoir depuis 40 ans" et que des changements étaient "sans aucun doute nécessaires". M. Brahimi a appelé de son côté la communauté internationale à "travailler sans relâche en vue d'une solution politique" afin d'éviter "l'enfer". Mais il a prévenu que même un changement de régime n'aboutirait "pas obligatoirement" à une régularisation du conflit, craignant que la Syrie ne devienne une deuxième Somalie.