Les négociations la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU sur un projet de résolution sur la Syrie ont tourné au bras de fer entre les Occidentaux et la Russie. La Russie a accusé hier les Occidentaux d'exercer un chantage pour la forcer à accepter des sanctions contre le régime syrien, avant de recevoir le médiateur international Kofi Annan dont elle oppose le plan de paix à toute forme d'ingérence. «A notre grand regret, on voit des éléments de chantage» dans les négociations au Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse consacrée au conflit en Syrie, à quelques heures de son entretien avec M.Annan. «On nous dit, si vous ne donnez pas votre accord à une résolution fondée sur le Chapitre VII de la Charte de l'ONU (qui prévoit la possibilité d'une intervention extérieure, ndlr), alors nous refuserons de prolonger le mandat des observateurs», a-t-il ajouté. «Nous estimons que c'est une approche absolument contre-productive et dangereuse, car il est inacceptable d'utiliser les observateurs comme une monnaie d'échange», a-t-il ajouté. Les négociations la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU sur un projet de résolution sur la Syrie ont tourné au bras de fer entre les Occidentaux et la Russie. Moscou refuse de sanctionner le gouvernement syrien s'il ne cesse pas ses attaques à l'arme lourde contre l'opposition, comme le prévoit un projet de résolution présenté par Européens et Américains et qui invoque le chapitre VII de la Charte de l'ONU. Ce chapitre permet d'imposer des sanctions économiques à un pays pour le contraindre à se plier à une décision du Conseil. Mais aussi une intervention militaire. C'est sous ce chapitre que les Etats-Unis avaient attaqué l'Irak en 1991. Selon des diplomates, les Etats-Unis menacent, si des sanctions ne sont pas retenues comme moyen de pression, de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus), qui expire le 20 juillet. La Russie, qui insiste sur la nécessité d'un cessez-le-feu simultané et sur le partage des responsabilités dans la crise, a de son côté soumis un projet de résolution qui prolonge de trois mois le mandat des observateurs, sans évoquer la menace de sanctions. Moscou a bloqué deux projets de résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU depuis le début en mars 2011. Néanmoins, Sergueï Lavrov a rejeté les affirmations occidentales selon lesquelles la clé de la crise se trouvait à Moscou, qui pourrait convaincre Bachar Al Assad de quitter le pouvoir. «Nous entendons des commentaires disant que la clé pour une solution en Syrie est à Moscou. Quand on demande des explications, on nous dit que cela signifie que nous devons convaincre Assad de quitter le pouvoir de lui-même», a dit M.Lavrov. «Ce n'est tout simplement pas réaliste», a-t-il déclaré. Le président Assad «ne partira pas, non parce que nous le soutenons, mais simplement parce qu'une part tout à fait significative de la population de la Syrie le soutient», a poursuivi le chef de la diplomatie russe. «Nous ne soutenons pas Bachar Al Assad, nous soutenons ce sur quoi nous nous sommes tous mis d'accord: le plan de Kofi Annan, la résolution du Conseil de sécurité et le communiqué de Genève» le 30 juin sur un processus de transition en Syrie, a insisté M.Lavrov. «Il n'est pas acceptable de tout mettre sur le compte de la Russie et de la Chine», a-t-il ajouté. La Chine, autre membre permanent du Conseil de sécurité, a rejeté avec Moscou toute sanction contre Damas. M.Lavrov devait s'entretenir hier soir avec Kofi Annan, qui sera reçu aujourd'hui par le président russe Vladimir Poutine.