L'ONG Amnesty international a jugé samedi que le brouillon de la future Constitution tunisienne était trop ambigu en matière des droits de l'Homme, notamment concernant les femmes et la liberté d'expression, alors que la Tunisie fête les deux ans de sa révolution. "Amnesty International s'inquiète toujours du fait que plusieurs clauses du brouillon sont formulées de manière ambiguë et que des garanties concernant certains droits de l'Homme ne sont pas définies", indique un communiqué de l'ONG. "Au cours de l'année passée, la liberté d'expression a été attaquée et les droits des femmes ont été menacés en Tunisie. C'est pourquoi il est essentiel que la nouvelle Constitution protège totalement ces droits", relève-t-elle. L'ONG se réjouit cependant du retrait de deux articles controversés proposés par les islamistes d'Ennahda qui dirigent le gouvernement tunisien. L'un évoquait "la complémentarité" homme-femme et l'autre prévoyait la "criminalisation" de l'atteinte au sacré. Mais Amnesty regrette que le texte prévoit "l'égalité des opportunités" pour les deux sexes sans exprimer spécifiquement "que les femmes et les hommes sont reconnus comme égaux (...) dans tous les aspects de la vie sans limitation dans les sphères civile, culturelle, économique, sociale et politique". Elle note aussi des ambiguïtés en matière de liberté d'expression, d'indépendance de la justice, de droit à un procès équitable et une définition trop vague de ce qui constitue un acte de torture. La Tunisie peine à rédiger sa nouvelle Constitution depuis plus d'un an faute de compromis entre Ennahda, ses alliés au gouvernement et l'opposition. Or pour être adopté le texte doit obtenir l'aval des deux-tiers des députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Le pays est dès lors dirigé par des institutions provisoires issues des premières élections libres d'octobre 2011, alors que la grogne sociale gagne du terrain et que les manifestations dégénérant en violences se multiplient. La Tunisie fête lundi les deux ans de la fuite du président déchu Zine El Abidine Ben Ali à l'issue du premier soulèvement du Printemps arabe.