Les combattants jihadistes, soumis à des frappes aériennes françaises, ont évacué les grandes villes du nord du Mali qu'ils occupaient, ont constaté des témoins sur place, un porte-parole des islamistes évoquant un "repli tactique". Mais, dans le même temps, les islamistes sont repassés à l'offensive dans l'ouest du Mali en s'emparant lundi de la localité de Diabali, à 400 km au nord de Bamako, après des combats contre l'armée malienne. Gao, une des principales villes du nord malien, tombée sous la coupe des jihadistes il y a plus de neuf mois, a fait l'objet d'intenses bombardements par des avions Rafale dimanche, qui ont tué plus d'une soixantaine de combattants, selon des estimations des habitants et d'une source de sécurité régionale. "Nous sommes libres. On n'a pas vu aujourd'hui un seul moujahidine ici. Ils ont quitté la ville et les chefs sont cachés", a assuré un habitant joint par téléphone depuis Bamako. A Tombouctou, où aucune frappe aérienne n'a pour le moment été recensée, le constat était le même: "les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur", a constaté un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, où les jihadistes avaient détruit de nombreux mausolées. Même les combattants qui s'étaient emparés jeudi de la localité de Konna (centre) avant d'en être repoussés vendredi et qui s'étaient repliés sur Douentza ont abandonné cette dernière ville qu'ils contrôlaient depuis septembre, à 800 km au nord de Bamako. "Ils ont peur des avions. Le dernier 4x4 des moujahidine a quitté la ville vers 16 heures" (locales et GMT), selon un témoin. Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), Senda Ould Boumama, il ne s'agit que d'un "retrait tactique", l'exécution d'un "plan de redéploiement", selon des propos publiés sur le site d'informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens). "Les combattants de notre mouvement se sont retirés des villes et des positions qu'ils occupaient (...) dans le but de limiter les dégâts parmi les populations civiles désarmées", a-t-il assuré. La France - "en guerre contre le terrorisme" au Mali selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian - avait bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays, avant de bombarder dimanche et lundi les positions qu'ils contrôlent dans le nord.