Des milliers de Bahreïnis ont manifesté dimanche à l'appel de l'opposition chiite pour exiger un dialogue national susceptible d'aboutir à l'instauration d'une véritable monarchie constitutionnelle et réclamer le départ du Premier ministre, en poste depuis plus de 40 ans. Les manifestants se sont rassemblés à Karzakan, localité chiite au sud de Manama, et la manifestation s'est déroulée sans incident, ont rapporté des témoins. L'oppostion chiite, dont le puissant Wefaq, a renouvelé dans un communiqué son refus de "tout dialogue de pure forme qui serait une sorte d'opération de relations publiques" et a exigé "un dialogue sérieux qui permette au peuple de réaliser ses objectifs, dont la formation de son propre gouvernement". Alors que cheikh Khalifa ben Salmane Al-Khalifa, un oncle du roi, est Premier ministre depuis l'indépendance du pays en 1971, l'opposition réclame que le chef du gouvernement soit issu de la majorité au Parlement et non plus désigné par le roi. La manifestation fait partie d'une campagne de mobilisation avant la reprise du dialogue national proposé par le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa pour trouver une sortie à la crise politique dans le pays. Une autre manifestation similaire avait eu lieu vendredi. Petit royaume du Golfe dirigé par la monarchie sunnite des Al-Khalifa, Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par des chiites, majoritaires au sein de la population. Malgré la répression meurtrière de la révolte entre la mi-février à la mi-mars 2011, des rassemblements se tiennent encore régulièrement dans les villages chiites autour de la capitale pour réclamer une monarchie constitutionnelle. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au moins 80 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation.