De petits groupes de Bahreïnis ont tenté de manifester hier, jour de la levée de l'état d'urgence, dans des villages chiites autour de Manama mais ont été à chaque fois pourchassés par la police. Des militants ont appelé sur internet à des manifestations alors que l'armée retirait ses unités de Manama en application de la levée de l'état d'urgence imposé depuis la mi-mars. Mais les autorités ont averti qu'elles agiraient avec «fermeté» en cas de nouveaux troubles, en référence à la vague de protestations et sa répression qui ont fait entre la mi-février et la mi-mars 24 morts. «Les gens tentent de se rassembler mais ils (les policiers) sont en train de les attaquer», a déclaré une activiste jointe par téléphone et qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, en mentionnant des tentatives de rassemblement dans des villages comme Diraz, Bani Jamra et Karzakan. Selon elle, les policiers ont tiré des bombes lacrymogènes. Une vidéo a été postée sur Youtube sous le titre «La police antiémeute attaque des manifestants pacifiques à Bani Jamra», montre un petit groupe de jeunes chantant «Pacifique, pacifique». La police tire ensuite dans leur direction ce qui semble être des bombes lacrymogènes. Les militants projettent de manifester vendredi sur la place de la Perle, épicentre de la contestation, que les autorités ont rasée en réprimant la contestation. Le Premier ministre, Khalifa Ben Salmane Al Khalifa, a averti mardi que son gouvernement agirait avec «fermeté contre toute tentative de nous ramener» à la situation qui a prévalu en février et mars. Dans un communiqué, Amnesty International a mis en garde contre un recours «excessif» à la force contre les protestataires qui ont prévu de manifester. «Avec la levée de l'état d'urgence, les autorités doivent permettre aux gens d'exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression et de rassemblement», écrit le directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Malcolm Smart. La situation demeure tendue à Bahreïn, pays à majorité chiite et dirigé par une dynastie sunnite, depuis la répression des protestations populaires réclamant des réformes et animées par des chiites. Un responsable militaire a indiqué que la force régionale du Golfe, le Bouclier de la Péninsule, essentiellement composée de Saoudiens, déployée à la mi-mars à Bahreïn pour aider ce pays à contenir la contestation, sera maintenue malgré la levée de l'état d'urgence. Alors que le roi, Hamad Ben Issa Al Khalifa, appelait mardi à un dialogue national en juillet, le chef du principal groupe de l'opposition chiite Al-Wefaq, Ali Salmane, et trois responsables du mouvement, étaient convoqués au parquet militaire où ils ont été interrogés pendant cinq heures. L'offre de dialogue du roi a été saluée comme «une avancée positive» par les Etats-Unis, dont la Ve flotte est basée à Bahreïn. Au moins 500 protestataires ont été emprisonnés, dont 4 sont morts en détention, alors que quelque 2 000 personnes ont été licenciées ou sanctionnées par des mises à pied «apparemment» pour leur participation aux protestations de février-mars, a rappelé Amnesty International.