Le régime syrien est prêt à dialoguer avec ses adversaires mais sans "conditions préalables", a affirmé vendredi soir le ministre de l'Information, dans la première réaction officielle de Damas à l'offre de négociations du chef de l'opposition. "La porte est ouverte, la table de négociations est là, bienvenue à tout Syrien qui veut dialoguer avec nous, nous sommes sérieux concernant la question du dialogue, ne parlent-ils pas de dialogue à l'étranger?", a affirmé le ministre, Omrane al-Zohbi, dans un entretien avec la télévision d'Etat syrienne, en référence à l'opposition en exil. "Quand on parle de dialogue, il s'agit d'un dialogue sans condition, qui n'exclue personne, mais si quelqu'un vient me dire +je veux dialoguer de cette question sinon je te tue+, cela n'est pas un dialogue (...) il ne faut pas qu'il y ait de conditions préalables", a-t-il ajouté. Le chef de la Coalition de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, avait proposé d'entamer des discussions directes avec des représentants du régime, qui n'ont pas "du sang sur les mains", précisant que tout dialogue devait porter nécessairement sur le départ du président Bachar al-Assad. M. Khatib avait également exigé la libération d'ici dimanche de toutes les prisonnières détenues par le régime, à défaut de quoi il retirerait son offre de dialogue avec Damas. Le ministre syrien n'a pas fait mention de cet ultimatum en particulier, ni du nom de M. Khatib, affirmant avoir "écouté beaucoup de déclarations ces derniers jours sur la question du dialogue". L'offre de M. Khatib avait reçu l'aval des Etats-Unis et de la Ligue arabe mais surtout des deux alliés de la Syrie, la Russie et l'Iran, avec qui le chef de l'opposition a eu des contacts inédits la semaine dernière. Mais elle a suscité des tensions au sein de son propre camp, le Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition, qui a rejeté en bloc cette proposition et réaffirmé son attachement à la "révolution". La proposition de M. Khatib est intervenu après plus de 22 mois de conflit, alors que la population syrienne est épuisée par les tueries, les destructions et la dégradation de la situation humanitaire. M. Zohbi a affirmé que le régime était prêt à dialoguer avec les "groupes armés" lorsque ceux-ci "rendront les armes". Damas considère les rebelles comme des "terroristes" financés et soutenus par l'étranger, notamment l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Le ministre syrien a mis en garde contre toute ingérence de certains gouvernements arabes, sans les nommer, dans le conflit syrien, évoquant les risques pour les pays voisins de la Syrie. "Les répercussions sur le Liban, la Jordanie et même la Turquie seront très graves (...) personne ne peut contrôler ses frontières et la sécurité régionale est indivisible. Si le chaos règne, personne n'y échappera", a-t-il prévenu.