L'aviation syrienne bombardait lundi Baba Amr, quartier symbolique de la ville de Homs attaqué de nouveau par les rebelles, au moment où la branche d'Al-Qaïda en Irak revendiquait une embuscade qui avait coûté la vie à 48 soldats syriens. C'est la première revendication officielle d'Al-Qaïda d'une attaque contre le régime de Damas, au cours de laquelle 48 soldats syriens et neuf gardes irakiens ont été tués dans la province irakienne d'al-Anbar la semaine dernière, indique un communiqué publié sur des sites jihadistes. Un an après la prise de Baba Amr par l'armée, à l'issue de plusieurs semaines de ombardements ayant fait des centaines de morts, les rebelles ont lancé dimanche un assaut surprise contre ce quartier, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le régime a répliqué par des raids sur Baba Amr, et la ville de Homs était "complètement bouclée" par l'armée. Lundi, l'aviation du régime a repris le pilonnage du quartier, a rapporté Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni s'appuyant sur un vaste réseau de militants et de sources médicales. "L'armée va tenter à tout prix de chasser les rebelles, même si elle détruit complètement le quartier", a dit M. Abdel Rahmane, estimant que le régime ne permettra pas aux insurgés de rester à Baba Amr. "C'est pour le moral (de l'armée), car le quartier de Baba Amr est un symbole connu dans les médias internationaux", a-t-il déclaré En écho, un journal proche du régime al Watan affirmait lundi que "l'armée a fait avorter une tentative d'infiltration à Baba Amr", "infligeant aux groupes armés des pertes énormes en vies humaines et en armes sur tous les axes". Selon l'OSDH, les violences ont fait dimanche 175 morts. Depuis le 15 mars 2011, la révolte contre le régime de Bachar qui s'est transformée en guerre civile a fait plus de 70.000 morts. La ville de Homs, surnommée "la capitale de la Révolution", est aujourd'hui contrôlée à 80% par l'armée, qui mène depuis plusieurs jours une violente offensive contre les enclaves rebelles de Khaldiyé et du Vieux Homs, assiégés depuis huit mois. Ailleurs, les forces gouvernementales tiraient des roquettes et des obus de mortier sur des quartiers périphériques de Damas et sur sa province, pour tenter d'en déloger les rebelles. A Idleb (nord-ouest), sept raids ont été menés en une heure par le régime sur la localité de Hich, pour tenter d'acheminer des renforts à deux barrages militaires encerclés par les rebelles, indique l'ONG. Dans un communiqué publié par les médias syriens, "le haut Conseil de l'Iftaa" (la plus haute autorité sunnite en Syrie) a lancé un appel à "notre peuple en Syrie pour qu'il se place au côté de nos forces armées afin de défendre la patrie". Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition a estimé qu'il s'agissait d'un "appel au secours du régime syrien". "Le régime criminel mobilise les mercenaires de l'extérieur, appelle à une intervention extérieure (..) dans l'espoir qu'ils le sauvent d'une noyade assurée", affirme le CNS dans un communiqué, dans une allusion à l'Iran, principal allié régional du régime du président Bachar al-Assad. Par ailleurs, selon un rapport de l'ONU présenté au Conseil des droits de l'Homme, le régime se servirait de milices, dont les Comités populaires formés par les habitants dans certaines régions, pour perpétrer des massacres. "Les massacres qui auraient été perpétrés par des Comités populaires ont parfois pris des connotations interconfessionnelles", précise ce rapport de la Commission d'enquête internationale et indépendante de l'ONU. A Moscou, autre grand allié de Damas, un opposant syrien Haytham al-Manaa a rencontré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour tenter d'infléchir le soutien de la Russie. En Turquie, la police a arrêté quatre Syriens liés au régime de Damas soupçonnés d'avoir perpétré un attentat à la bombe en février contre un poste à la frontière turco-syrienne qui avait coûté la vie à 14 personnes, selon le ministre turc de l'Intérieur Muammer Güler.