Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a annoncé lundi que les entreprises actives dans le sud du pays devront recruter prioritairement de la main-d'oeuvre locale, une mesure visant à apaiser la colère des jeunes chômeurs qui entendent manifester jeudi. "Le recrutement d'une main-d'oeuvre hors wilayas (hors de la préfecture, ndlr) n'est autorisé que pour les postes n'ayant pas de profil correspondant localement", selon une instruction de M. Sellal concernant les wilayas du Sud, citée par l'agence APS. Les besoins en main-d'oeuvre des entreprises implantées dans le Sud, y compris celles dont les sièges sociaux se trouvent hors de cette région, "doivent être obligatoirement satisfaits en priorité, et notamment pour la main-d'oeuvre qui n'est pas hautement qualifiée, par le recours à la main-d'oeuvre locale". En cas d'indisponibilité des profils demandés sur le marché du travail local, une dérogation "exceptionnelle" peut être accordée par le wali (préfet) pour le recours à une main-d'oeuvre hors wilaya, sur la base d'un rapport "dûment motivé, assorti de l'avis des services compétents de l'emploi", selon la même source. Les jeunes promoteurs et les chômeurs établis dans les wilayas du Sud bénéficieront aussi de prêts bancaires sans intérêt pour créer leurs micro-entreprises. Le gouvernement semble ainsi chercher à apaiser la colère des jeunes chômeurs du Sud qui s'apprêtent à manifester jeudi. Le chômage touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Selon les pouvoirs publics algériens et le FMI, 21,5% des moins de 35 ans sont sans emploi, contre moins de 10% pour l'ensemble de la population. La situation des jeunes s'avère encore plus difficile dans le Sud, du fait du faible développement de la région et de la concurrence de travailleurs venus du Nord voire de l'étranger au motif de l'absence de main-d'oeuvre locale qualifiée. Les chômeurs du Sud rejettent cet argument, affirmant qu'une partie d'entre eux sont détenteurs de diplômes universitaires. La décision du Premier ministre intervient à la veille de l'annonce par le tribunal de Laghouat (400 km au sud d'Alger) de sa décision dans le procès de 17 chômeurs ayant manifesté le 20 février devant le siège local de l'Agence nationale de l'emploi (Anem). Cinq ans de prison ferme et 20.000 dinars (200 euros) d'amende contre six manifestants ont été requis, et un an de prison ferme et 20.000 dinars (200 euros) d'amende contre onze autres. Ils sont poursuivis, selon la presse, pour "attroupement", "incitation à l'attroupement" et "destruction de biens publics". Quinze autres chômeurs seront également jugés le 26 mars à Ouargla (sud) pour "attroupement non armé".