La perspective d'élections anticipées au Maroc à la suite de la décision du principal allié des islamistes de quitter la coalition au pouvoir, est "peu probable", a estimé vendredi le quotidien L'Economiste, qualifiant à l'inverse de "hautement probable" un remaniement. L'Istiqlal (conservateur), principal allié du Parti Justice et développement (PJD), a annoncé le 11 mai sa décision de se retirer du gouvernement, ouvrant la voie à un remaniement, voire à des élections anticipées. Peu après, le parti a toutefois fait état d'un appel du roi Mohammed VI visant à l'exhorter à revenir sur sa décision. Si la deuxième force politique du pays a dit maintenir sa démarche, celle-ci n'a pas encore été mise en oeuvre, et la presse marocaine commente abondamment la "crise gouvernementale" depuis bientôt une semaine. Si la Constitution propose "deux sorties", un remaniement ou des législatives anticipées, "dans la situation actuelle, la deuxième option paraît peu probable", a avancé vendredi L'Economiste dans un éditorial. "Il est hautement probable que nous ayons un gouvernement Benkirane II, avec ou sans l'Istiqlal", a-t-il ajouté. "Les choses se dirigent vers un remaniement ministériel, qui conduira au remplacement de certains ministres", avait également estimé mercredi le quotidien Al-Akhbar. Jeudi après-midi, les ministres au complet se sont eux réunis comme de coutume dans le cadre du conseil de gouvernement. Celui-ci "continue à fonctionner normalement et à assumer ses responsabilités", a déclaré à son terme le porte-parole et ministre de la Communication, Mustapha Khalfi. Dimanche, l'Istiqlal avait indiqué que ses ministres allaient "gérer les affaires courantes, dans l'attente du retour du roi", alors en visite privée en France. D'après plusieurs quotidiens, le patron du parti Hamid Chabat a adressé "un mémorandum" au souverain et attend son arbitrage définitif. Longtemps cantonné dans l'opposition, le PJD d'Abdelilah Benkirane a remporté un succès historique aux législatives de fin 2011, dans le contexte du printemps arabe. Faute de majorité, il a toutefois dû former une coalition hétéroclite, avec trois autres partis dont l'Istiqlal, formation dirigée depuis peu par M. Chabat, le maire de Fès. Ce trublion de la vie politique a multiplié les sorties médiatiques contre le gouvernement au cours des dernières semaines.