La seconde force politique du Maroc qui a envisagé de faire voler en éclats la coalition gouvernementale dont elle fait partie, a suspendu sa décision après un coup de fil du souverain marocain qui se trouvait hors du Royaume. Sueurs froides du côté du Palais royal. Le Maroc couve une grave crise politique. Ironie de l'histoire: c'est le parti qui prône l'unité du Royaume et la revendication de territoires algériens (Tindouf et Béchar) qui l'a provoquée. Une justice imminente? «Que Dieu leur pardonne», avait lancé, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, à ces hommes politiques marocains zélés qui ont fait une fixation sur l'Algérie. La réalité a cependant fini par avoir raison de la diversion. Le Maroc va mal. Economiquement, il est au bord du rouleau. Il est dans les nasses du Fonds monétaire international. La Banque mondiale lui a accordé deux prêts en l'espace de deux ans (2011-2013). Son déficit public qui a atteint 7,1% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012 a enregistré un record. Ce qui a entraîné l'abandon de certains projets d'investissements tandis que le taux de chômage avoisine les 10%. Les islamistes au pouvoir sont devenus des cibles toutes désignées. Le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal a pris en grippe le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, dont il est pourtant le principal allié au sein d'une coalition gouvernementale hétéroclite, l'affublant de tous les maux. Les critiques sont montées d'un cran. L'Istiqlal passe à l'acte et décide de claquer la porte. Dans un communiqué, le parti de Hamid Chabat avance que sa décision a été prise après avoir «alerté le gouvernement sur plusieurs erreurs concernant la gestion de problèmes stratégiques». Ce choix a été dicté par «l'incapacité du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, à prendre en considération la gravité de la situation économique et sociale», précise le texte du conseil national du Parti du député maire de la ville de Fès. Le chef du gouvernement marocain est également accusé de «monopoliser les décisions au sein du gouvernement», a indiqué Adil Benhamza, le porte-parole de l'Istiqlal. Tous les ingrédients d'une crise politique majeure sont désormais réunis. Remaniement ou élections anticipées? La monarchie est dans tous ses états. Le souverain marocain qui se trouvait en voyage à l'étranger «a contacté par téléphone le chef de l'Istiqlal, Hamid Chabat, dans la nuit de samedi à dimanche, pour l'exhorter à maintenir ses ministres au sein du gouvernement», a affirmé le porte-parole du parti. Qu'est-ce qu'a décidé l'Istiqlal? La seconde force politique du Maroc qui a envisagé de faire voler en éclats la coalition gouvernementale dont elle fait partie, a finalement suspendu sa décision après le coup de fil du souverain marocain qui se trouvait hors du Royaume. «Nous allons demander à nos ministres de gérer les affaires courantes dans l'attente du retour du roi qui se trouve actuellement en voyage privé à l'étranger... Pour l'heure, notre décision n'a pas été retirée», a précisé le porte-parole de l'Istiqlal, Adil Benhamza. Nul doute que Mohammed VI fera recoller tous les morceaux. Il est cependant acquis que l' «Union» ne sera que de façade. Hamid Chabat aura-t-il assez de courage pour contrarier la volonté de son roi? L'Istiqlal, «adhère totalement à la volonté royale de garantir les conditions de stabilité et de servir les intérêts supérieurs de la nation», indique le communiqué du parti qui détient six portefeuilles ministériels. Une déclaration qui indique que Hamid Chabat fera probablement carpette face à Mohammed VI.