Le Parti de l'Istiqlal a décidé de maintenir ses ministres au sein du gouvernement de coalition dirigé par le Parti justice et développement (PJD, islamiste) en attendant un arbitrage du roi du Maroc dans cette crise politique intervenue après l'annonce samedi soir de son conseil national de quitter l'exécutif, a-t-on appris dimanche de source proche de cette formation conservatrice. Cette décision fait suite à l'appel téléphonique du roi Mohammed VI au secrétaire général du parti, M. Hamid Chabat l'exhortant à "maintenir les ministres du PI au sein de l'actuel gouvernement dans le souci de préserver le fonctionnement normal du gouvernement", sachant qu'un mémorandum sera soumis au souverain par le chef de PI. Dans un communiqué rendu public, le comité exécutif du PI qui a tenu, dans la nuit de samedi à dimanche, une réunion extraordinaire, a indiqué avoir pris acte de ce "développement extrêmement important" affirmant "l'adhésion totale" du Parti à la volonté souverain. L'Istiqlal détient six ministères au sein du gouvernement, formé en janvier 2012 et composé de 31 départements ministériels dont ceux de l'Economie et des Finances, de l'Education et celui délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Le PI avait expliqué dans un communiqué à l'issue d'une session ordinaire de son conseil national (parlement) qu'avant de prendre cette décision, il a "épuisé toutes les possibilités de mise en garde et de conseil et s'est acquitté de tous ses engagements envers ses alliés et envers la conjoncture délicate que traverse le Maroc (...)". Dans une réaction à cette annonce, Abdellah Bouanou président du groupe du PJD à la Chambre des représentants (chambre basse du parlement) et membre du secrétariat général du parti islamiste, a jugé que la décision l'Istiqlal était "une affaire interne" et "une décision souveraine", concédant, toutefois, qu'elle aura certes des répercussions sur le gouvernement et sur la majorité gouvernementale actuelle. Il a souligné que toutes les possibilités étaient ouvertes allant de la formation d'une nouvelle majorité ou à la tenue d'élections législatives anticipées. L'Istiqlal, deuxième force politique du Maroc, est dirigé, depuis septembre 2012, par Hamid Chabat qui a remplacé à la tête de cette formation politique l'ancien chef du gouvernement Abbas El Fassi. Chabat est également secrétaire général de l'Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), maire de Fès et député. Depuis son arrivée à la tête de ce parti, il a formulé, à plusieurs occasions, des griefs contre l'exécutif notamment en ce qui concerne le redressement de l'économie au moment où le Maroc traverse une grave crise dans divers secteurs et l'harmonie au sein de l'exécutif qui nécessite son remaniement. Le PJD de Abdelilah Benkirane, vainqueur des législatives anticipées du 25 novembre 2011 avec 107 sièges sur 395 députés de la chambre des représentants, dirige une coalition gouvernementale hétéroclite comprenant des membres du PI (60 députés), du Mouvement populaire (MP, libéral 32 députés) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS, ex-communiste, 18 sièges). C'est la première fois que l'exécutif est dirigé au Maroc par un parti islamiste longtemps dans l'opposition. Le Maroc, environ 33 millions d'habitants, est confronté à une crise économique marquée par une aggravation du déficit budgétaire (17,5 milliards de dirhams à fin mars 2013) entrainant l'arrêt de l'exécution de 15 Mds de DH d'investissements au titre de 2013, une hausse du taux de chômage passant à 9,4 % à fin 2012 et une augmentation du coût de la vie de 2,2 % en mars 2013 par rapport au même mois de l'année 2012. En février dernier, l'agence d'évaluation financière Moody's, la deuxième plus importante agence de rating du monde, avait dégradé la note souveraine du Maroc passant de "stable" à "négative" en raison de déficit public record enregistré par le royaume atteignant 7,1% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, contre 6,2% une année auparavant.