"C'est pire qu'un accouchement", soupire un négociateur. Dans un climat de profonde méfiance, un accord peine à émerger des discussions de Ouagadougou entre le pouvoir malien et les rebelles touareg contrôlant Kidal, dans le nord du Mali. Lancées le 8 juin, les négociations devaient être bouclées en trois jours en vue de permettre la tenue dans la ville de Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection cruciale selon la communauté internationale. Mais le "consensus" tant recherché n'a toujours pas pris forme au centre de conférences de Ouaga 2000, quartier huppé de la capitale burkinabè, et au grand hôtel situé à 300 mètres de là, où les débats font rage du matin jusque tard dans la nuit. Nouveau rendez-vous manqué dimanche soir: alors que le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé espérait que chaque camp parapherait le nouveau projet d'accord présenté comme "final", une énième réunion a tourné court. Les autorités de Bamako ont "rejeté" le coeur du projet, qui définit les modalités du retour des soldats maliens à Kidal et du cantonnement des combattants touareg, a-t-on appris de sources diplomatiques. "Devant le blocage, certains négociateurs se demandent s'il ne faut pas suspendre les discussions", selon les mêmes sources. Jusque-là, éternelles lunettes et voix posée, M. Bassolé, qui a joué plusieurs fois les "facilitateurs" pour le compte de son président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise, a enchaîné conciliabules et réunions plénières sans se départir de son style pondéré. Mais l'atmosphère est particulièrement tendue et la médiation, assistée de diplomates représentant la communauté internationale, n'est pas parvenue à trouver un terrain d'entente entre les émissaires de Bamako et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). "Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali", insistait cette semaine le chef de la délégation de Bamako, Tiébilé Dramé, conseiller spécial du président malien Dioncounda Traoré. Le régime malien a obligé en début de semaine à renégocier un premier projet d'accord qui avait été accepté par les rebelles. Cependant, parmi les négociateurs internationaux, on s'interroge sur l'"agenda" de Tiébilé Dramé. Car l'émissaire du pouvoir malien de transition est aussi candidat à la prochaine présidentielle.