Le parti islamiste Ennahda au pouvoir en Tunisie appelle à un rassemblement mardi, à l'occasion de la journée tunisienne de la femme, une manifestation qui concurrence celle de l'opposition, en plein milieu d'une crise politique provoquée par l'assassinat d'un opposant. Ennahda appelle, dans un communiqué publié lundi, à un rassemblement sous le slogan "les femmes de Tunisie, piliers de la transition démocratique et de l'unité nationale". Les islamistes invitent leurs partisans à se réunir à partir de 15H00 GMT (16H00 locale) sur l'avenue Habib Bourguiba, au centre de Tunis, haut lieu de la révolution de janvier 2011. Ce thème rappelle la position des islamistes qui insistent, face à la crise actuelle, sur un maintien des "institutions transitoires" en place depuis près de deux ans faute de consensus sur une nouvelle constitution. Les détracteurs du gouvernement appellent pour leur part à manifester mardi soir pour défendre les droits des femmes. Le rassemblement doit ensuite rejoindre la place faisant face à l'Assemblée nationale constituante (ANC), où l'opposition organise des manifestations quotidiennes depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet, attribué à la mouvance jihadiste. L'hétéroclite coalition d'opposants, qui réclame un gouvernement de technocrates et la dissolution de l'ANC, espère une mobilisation massive, à l'image de celle du 6 août lorsque des dizaines de milliers de Tunisiens avaient manifesté contre le pouvoir en place. Le 13 août 1956, le code du statut personnel promulgué en Tunisie a octroyé aux Tunisiennes des droits sans pareil dans le monde arabe, sans pour autant consacrer l'égalité, mais les islamistes au pouvoir sont régulièrement accusés de vouloir revenir sur ces acquis. Ils sont également accusés d'avoir favorisé, par leur laxisme voire leur complaisance, l'essor de la mouvance salafiste dont les actions violentes déstabilisent régulièrement le pays depuis la révolution de janvier 2011. Aucune issue à la crise n'était en vue lundi bien qu'une rencontre entre le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, et le secrétaire général du puissant syndicat UGTT, Houcine Abassi, soit prévue. La centrale syndicale réclame la démission du gouvernement et la mise en place d'un cabinet de technocrate, une revendication rejetée par les islamistes qui proposent en retour un gouvernement réunissant tous les partis politiques.