La France a diffusé lundi des preuves de la responsabilité, selon elle, du régime syrien dans l'attaque chimique du 21 août, tandis que le président Bachar al-Assad avertissait la France qu'elle serait considérée comme un "ennemi" en cas de frappes. "Le peuple français n'est pas notre ennemi, mais (...) dans la mesure où la politique de l'Etat français est hostile au peuple syrien, cet Etat sera son ennemi", a déclaré le président syrien, dans une interview au journal français Le Figaro. "Il y a aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France", a-t-il encore menacé. "Le risque d'une guerre régionale existe", a-t-il ajouté dans cette rare interview à un média occidental. "Le Moyen-Orient est un baril de poudre et le feu s'en approche aujourd'hui", a-t-il mis en garde. Le président français François Hollande "continue son travail de persuasion pour réunir dans les meilleurs délais (une) coalition", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, après les temporisations américaines et britanniques. "Il n'est pas question pour la France d'agir seule", a-t-il insisté, confirmant qu'un débat du Parlement mercredi se ferait "sans vote", contrairement aux procédures britannique et américaine. Paris a diffusé sur Internet une "note de synthèse nationale de renseignement", selon laquelle "le 21 août 2013 le régime syrien a lancé une attaque sur certains quartiers de la banlieue de Damas tenus par les unités de l'opposition, associant moyens conventionnels et usage massif d'agents chimiques". "L'attaque du 21 août ne peut avoir été ordonnée et conduite que par le régime", ajoute ce rapport, qui parle d'"emploi massif et coordonné d'agents chimiques contre la population civile". Une telle opération requiert "un niveau de sophistication qui n'appartient qu'au régime", a précisé une source gouvernementale française, soulignant que l'attaque chimique avait été lancée à partir de zones "tenues par le régime" vers des zones "intégralement tenues par les rebelles". "Sur la base d'une analyse méthodique de 47 vidéos originales des événements du 21 août(...) ont été recensés au moins 281 décès", selon la note de synthèse nationale de renseignement. Même si le gouvernement français n'exclut pas que le bilan soit supérieur, cette évaluation est bien inférieure à celle livrée par les Etats-Unis qui avaient estimé vendredi à 1.429 morts dont 426 enfants le bilan de cette attaque. Washington et Paris tentent ainsi de convaincre leurs opinions de la nécessité de frapper le régime syrien.