Les Frères musulmans égyptiens ont qualifié lundi le jugement interdisant leurs activités de "politique et entaché de corruption", et promis de rester "présents sur le terrain". La confrérie, dont est issu le président Mohamed Morsi destitué par l'armée et qui avait remporté les législatives fin 2011, a réagi sur son compte Twitter officiel peu après qu'un tribunal a interdit leurs "activités" et ordonné la confiscation de leurs biens, dernier épisode de la vaste campagne lancée par les autorités contre le mouvement islamiste. "La junte essaye de réduire au silence quiconque s'oppose (à elle), le jugement (ordonnant la) dissolution est politiquement motivé et fait partie de la répression en cours contre les Frères musulmans", affirme ainsi la confrérie, qui promet de "rester toujours présente sur le terrain même après sa dissolution". "Quoi que tentent les régimes fascistes pour éliminer (les Frères musulmans), la dissolution n'affectera pas l'organisation", poursuit le mouvement islamiste. "Les Frères musulmans sont une partie de la société égyptienne, les décisions judiciaires entachées de corruption et politiques ne peuvent rien y changer", conclut-il. Le jugement du tribunal réuni en urgence lundi s'applique à la confrérie --qui n'a aucune existence légale-- ainsi qu'à l'Association des Frères musulmans, une ONG créée sous la présidence Morsi et accusée de servir de façade à la confrérie, mais aussi à "toute organisation qui en émane ou est financée par eux". Il peut faire l'objet d'un appel. Depuis la destitution et l'arrestation le 3 juillet de M. Morsi --toujours détenu au secret--, le nouveau pouvoir installé par l'armée affirme mener une "bataille contre le terrorisme". L'implacable répression visant les Frères musulmans et les partisans de M. Morsi a connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police ont détruit deux campements de milliers d'islamistes réclamant le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays. Dans ces violences et durant la semaine qui a suivi, plus d'un millier de personnes ont péri, en grande majorité des manifestants pro-Morsi. Dans le même temps, plus de 2.000 islamistes ont été arrêtés. Les plus hauts dirigeants des Frères musulmans sont actuellement derrière les barreaux ou en fuite et leurs avoirs ont été gelés il y a une semaine.