Les Algériens de France ont commencé à voter samedi, cinq jours avant leurs compatriotes d'Algérie, pour l'élection présidentielle où le président sortant Abdelaziz Bouteflika qui brigue un quatrième mandat apparaît comme le grand favori malgré sa santé chancelante. La communauté algérienne en France, la plus importante communauté immigrée de ce pays, compte 815.000 électeurs, notamment en région parisienne et dans le sud.
"J'ai toujours voté pour Bouteflika, je sais qu'il va gagner", confie Ahmed, 68 ans, au sortir du bureau de vote installé dans les locaux du consulat d'Algérie à Bobigny (nord de Paris) où sont inscrits 91.632 Algériens. Au consulat de Nanterre (ouest de Paris), qui compte 43.969 votants, Hamed, un cariste de 60 ans, veut lui aussi garder "son président". "Il est malade, mais il bouge encore", assure-t-il. "Il est trop vieux, mais est-ce qu'on a trouvé mieux que lui?", interroge de son côté Halima, 51 ans. "Depuis qu'il est là, la situation du pays n'a fait que s'améliorer". D'autres voient en revanche un espoir de changement en la personne d'Ali Benflis, l'homme de confiance de M. Bouteflika au début de son premier mandat (1999-2004), et aujourd'hui considéré comme son principal challenger parmi les cinq candidats d'opposition. Patricia-Fatima Houiche, 64 ans, observatrice du scrutin dans le bureau de vote de Gennevilliers (nord-ouest de Paris) veut croire que "la jeunesse algérienne est derrière Benflis" et contre "ce président handicapé et virtuel". Elle souhaite "en finir avec les vieilles recettes, le système clanique et le clientélisme". Le changement, Abed, 44 ans, qui a découvert l'ouverture du scrutin dans la presse algérienne, l'attend aussi, surtout pour faciliter la vie des Algériens de France écrasés selon lui par "la paperasse" consulaire et la cherté des billets d'avion. Mais devant les grilles du consulat de Nanterre, parmi une dizaine d'Algériens qui patientent pour "les papiers", certains n'iront pas voter. "Ca ne change rien, le match est joué dans les vestiaires", lâche Karim 28 ans. Kamel, 37 ans, acquiesce, blasé lui aussi: "En trois mandats, Bouteflika n'a rien fait. Regardez ce qu'a réussi à faire le Premier ministre turc en 10 ans ! Il faut passer le flambeau aux jeunes". Quelque 23 millions d'électeurs sont appelés aux urnes jeudi en Algérie pour choisir entre six candidats. En l'absence de sondages M. Bouteflika, bien que très diminué après un AVC et quasiment absent de la campagne, est donné favori par les observateurs. M. Benflis a estimé que son "principal adversaire" sera la fraude électorale.