La justice algérienne a délivré une commission rogatoire aux autorités marocaines concernant un Algérien membre présumé de Jund al-Khilafa, le groupe armé qui a revendiqué l'assassinat de Hervé Gourdel, a déclaré jeudi le ministre algérien de la Justice. "Le parquet compétent a demandé au juge d'instruction d'émettre une commission rogatoire à l'intention des autorités judiciaires (marocaines) à l'effet d'identifier le prévenu et de fournir (...) les informations nécessaires le concernant", a indiqué Tayeb Louh à la presse. Les autorités marocaines ont annoncé dimanche l'arrestation de ce ressortissant algérien, non identifié, lors d'une opération qui s'est déroulée à proximité de la ville frontalière d'Ahfir, à une trentaine de kilomètres au nord d'Oujda (nord-est). Jeudi, le ministère marocain de l'Intérieur a fourni de nouvelles indications sur cette interpellation, affirmant que le jihadiste présumé se trouvait en possession de "pistolets automatiques", "d'appareils de télécommunications", mais aussi de produits chimiques "entrant dans la fabrication de bombes artisanales qui allaient être utilisées dans l'exécution de plans terroristes". L'enquête laisse apparaître que Jund al-Khilafa cherche "à recruter" au Maroc "dans le cadre d'un projet de proclamation du +jihad+ dans les pays du Maghreb arabe et en Europe, et ce suivant +la stratégie d'expansion+ de l'organisation +Etat Islamique+" (EI), poursuit le communiqué. Le texte rappelle par ailleurs qu'un complice présumé du ressortissant algérien est toujours recherché par les autorités marocaines, sans mention de son identité. Peu de temps après avoir prêté allégeance au groupe EI, Jund al-Khilafa a revendiqué en septembre l'enlèvement puis l'assassinat d'Hervé Gourdel, un guide de haute montagne français de 55 ans, dans le massif du Djurdjura, au sud-est d'Alger. L'armée algérienne, qui avait mobilisé 3.000 soldats, a finalement retrouvé son cadavre mi-janvier, à une vingtaine de kilomètres du lieu de son enlèvement, et sa dépouille a été transférée lundi en France. Des poursuites contre 15 personnes, toutes de nationalité algérienne, avaient été lancées dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Hervé Gourdel. Depuis, au moins six jihadistes, dont le chef de Jund al-Khilafa, Abdelmalek Gouri, ont été tués. La longue frontière commune entre l'Algérie et le Maroc est officiellement fermée depuis plus de 20 ans sur fond de contentieux diplomatique persistant entre les deux pays.