Le statut juridique de la langue amazighe a connu une évolution significative ces deux dernières décennies jusqu'à aboutir à son officialisation dans l'avant-projet de la révision de la loi fondamentale du pays, initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. S'il est indéniablement reconnu par les anciens militants de la cause Amazigh que la constitutionnalisation de Tamazight en avril 2002, en tant que deuxième langue nationale, et sa promotion au rang de langue officielle dans cet avant-projet de révision de la Constitution, sont les grandes étapes qui ont marqué ce processus vers la reconnaissance pleine et entière de cette composante de l'identité nationale, il n'en demeure pas moins que des acquis indéniables ont été enregistrés depuis 1990. En effet, c'est en 1990 qu'ont été créés au niveau des universités de Tizi-Ouzou et de Béjaïa, les départements de langue et de culture Amazigh (DLCA) qui vont, par la suite, accompagner le processus d'introduction de la langue Amazigh dans le système scolaire, en fournissant les enseignants nécessaires à son introduction dans le système éducatif national. L'autre étape importante intervient en 1995. A la faveur des accords du 22 avril de cette même année signés entre l'Etat et le Mouvement culturel Berbère (MCB-Coordination nationale), mettant un terme à une grève du cartable, lancée en 1994 par le MCB, Tamazight est introduite dans le programme de l'éducation nationale depuis l'année scolaire 1995/1996. La généralisation de son enseignement sur l'ensemble du territoire national a buté sur certaines contraintes soulevées par la Haut-commissariat à l'Amazighité (HCA) dans ses différentes interventions et qui sont notamment le caractère facultatif de cette matière, le manque de manuels pour son enseignement ainsi que d'enseignants. En 1996, le processus de reconnaissance de Tamazight, langue et culture du peuple algérien, marque un premier grand pas à travers son introduction dans le préambule de la constitution de 1996 qui stipule "aboutissement d'une longue résistance aux agressions menées contre sa culture, ses valeurs et les composantes fondamentales de son identité que sont l'Islam, l'Arabité et l'Amazighité, le 1er Novembre aura solidement ancré les luttes présentes dans le passé glorieux de la Nation". Un autre pas a été effectué en 2002. Une modification de la constitution par voie parlementaire accorde depuis le 10 avril 2002 à Tamazight le statut de langue nationale, (Art. 3 bis de la constitution). Ces mesures vers la reconnaissance et la réhabilitation de tamazight, langue et culture ont été suivies par la mise en place d'institution chargée de sa promotion. Il s'agit notamment de la création du Haut-commissariat à l'Amazighité (décret présidentiel n° 95-147 du 27 mai 1995. Le HCA, est-il précisé dans l'article 1 de ce décret, est une structure chargée de la réhabilitation de l'Amazighité, et de la promotion de la langue Amazighe. L'année 2003, soit juste après la constitutionnalisation de Tamazight langue nationale, est créé le Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement du tamazight (CNPLET), (décret exécutif n° 03-470 du 2 décembre 2003), chargé notamment du développement de l'enseignement de la langue Amazighe et de réaliser des études sur cette langue. En décembre de la même année est créé le Centre national de standardisation et d'aménagement de la langue Amazighe, (décret 03/470 du 2 décembre 2003), pour se pencher sur les problèmes de sa graphie, (caractère latins, arabe ou Tifinagh), des différentes variantes, et des néologismes, entre autre.