Des centaines de personnes ont répondu à l'appel du RCD pour une marche pour la célébration du 35e anniversaire du Printemps berbère (20 avril 1980) et le Printemps noir (2001). La procession humaine conduite par des P/APC, des membres de bureaux régionaux et nationaux de partis ainsi que plusieurs militants de la cause berbère a pris son départ à partir de la place des Martyrs de la ville de Bouira en direction du siège de la wilaya. Tout au long du parcours, les manifestants portant des banderoles revendicatives scandaient «Oulach smah», «Mazalagh d'Imazighene», etc. A noter que la marche, encadrée par un important dispositif sécuritaire, s'est déroulée dans le calme. Ainsi, la question identitaire attend toujours son épilogue malgré les quelques acquis. Tout a commencé il y a 35 ans suite à l'interdiction faite à feu Mouloud Mammeri d'animer une conférence à l'université de Tizi Ouzou, alors qu'il animait la même conférences quelques jours auparavant à Constantine. Cette interdiction a été considérée comme une provocation qui a fait réagir toute la région marquée par des affrontements, des arrestations, etc. Depuis, c'est toute la Kabylie qui est restée sur un chaudron, la question identitaire, la démocratie, la liberté et les droits de l'Homme étant le cheval de bataille de toute cette région de l'Algérie. La question identitaire a pris une autre dimension par le déclenchement de la grève du cartable lors de l'année scolaire 1994/1995, l'école est paralysée dans toutes les régions berbérophones pendant plusieurs mois, une action qui a abouti à des accords entre une aile du MCB et l'Etat un certain 22 avril 2005 qui a vu la décision de l'introduction de tamazight à l'école, une première historique, suivie par la création du HCA (Haut-Commissariat à l'amazighité), rattaché directement à la Présidence. Néanmoins, l'introduction de tamazight à l'école, qui s'est faite d'une manière facultative et avec des enseignants militants sans forcément disposer d'un diplôme, était malgré tout un début positif. Aujourd'hui, la donne a bel et bien changé, l'Algérie compte quatre départements de langue et culture amazighes (DLCA) qui forment des licenciés en langue amazighe. Malgré cela, tamazight peine à trouver la place qui lui revient, notamment dans les institutions. Force est de constater que l'enseignement de tamazight a régressé, il passe de 16 wilayas à moins de dix, les derniers accords entre le HCA et le ministère de l'Education nationale pourraient aboutir à sa généralisation progressive ! La question identitaire est indissociable de la démocratie et les droits de l'Homme. L'assassinat du chantre de la question identitaire, le rebelle Matoub Lounès, en 1998, a de nouveau replongé la région dans un soulèvement populaire. Quelques années plus tard, en 2001, le jeune Guermah Massinissa a été tué dans l'enceinte d'une brigade de la gendarmerie au cœur de la Kabylie. Déjà assise sur une poudrière, la Kabylie s'embrase de nouveau, au bout de plusieurs mois d'affrontements, 127 personnes ont été tuées. Le 14 juin de la même année, une imposante marche a drainé plus de deux millions de personnes qui ont battu le pavé de la capitale pour scander leur ras-le-bol de la situation prévalent dans la Kabylie, revendiquer plus de justice, de liberté, de démocratie, de juger les responsables de la tuerie... En 2002, tamazight est introduite dans la Constitution en tant que langue nationale, en attendant son officialisation. Aujourd'hui, la question identitaire doit trouver son épilogue juste, à commencer par sa prise en charge réelle, loin des tiraillements et politisations.