Alger- La majorité des familles de prisonniers vivent un vrai calvaire dont la cause principale n'est autre que leurs progénitures. Elles endurent en quelques sortes les mêmes souffrances pour les erreurs commises par ceux-ci. Ces familles venues de différentes régions et de différentes catégories ont un point commun, le couffin qu'elles trimbalent et dans lequel elles ramènent de la bouffe pour le fils, le frère, le père ou l'époux incarcéré. Nous les avons rencontré à la prison d'El Harrach, à l'heure de visite à 9 h30 dur matin. Dans la salle d'attente pour femme, qui ressemble à tout sauf à une salle d'attente, tellement sale, les portes crasseuses n'ont pas été repeinte depuis des lustres. Dans la grande salle, il y a environs 150 chaises en métal. Les toilettes crasseuses et nauséabondes ne disposent même pas d'eau et les moustiques et d'autres bestioles infestent les lieux. Il y a même des araignées qui couvrent les mures et le plafond. Tous égaux devant les portes de la prison Les familles venues rendre visite à un membre dans la prison, viennent de toutes les régions et de toutes les couches sociales. Des riches, des pauvres, des cadres de l'état, des intellectuels, des femmes, des universitaires, des lycéens (nes), mais la majorité sont des pauvres et des gens de l'intérieur du pays. Le couffin : la valeur du contenu selon le statut du prisonnier Les visites sont hebdomadaires sauf dans le cas du décès ou d'une naissance. Les couffins sont essentiels lors de la visite. Ils sont de différentes couleurs mais contiennent différents mets, c'est selon. Certains sont bien remplis, d'autres à moitié et il y'en a même qui sont presque vides. La salle d'attente emplie de femmes se transforme en salle de discussion. Toutes viennent déverser se qu'elles ont sur le cœur. Elles se défoulent en quelques sortes pour oublier La mal vie, la misère et la honte. Elles discutent de la cherté de la vie, des difficultés à subvenir aux besoins de la famille, mais aussi du football, de l'équipe nationale. Elles se font des confidences à propos des raisons qui ont emmené leurs fils, époux ou frères en prisons, au point où elles se mettent même à se vanter de leurs fils. Certaines femmes ont tissé une amitié tout au long des jours de visites. Les jeunes filles célibataires se font belles avant de venir rendre visite à leurs parents avec l'espoir de trouver l'homme de sa vie. De temps en temps, un jeune homme quitte la salle d'attente pour homme et vient soit disant voir sa mère dans la salle pour femme, dans le but voir les jeunes filles qui s'y trouvent.