Le ministre tunisien des Affaires étrangères Kamel Morjane a assuré jeudi que les câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks n'auraient "pas de conséquence" sur les relations avec Washington. Il a dans le même temps stigmatisé le contenu de certains rapports et affirmé que la Tunisie rejetait "toute immixtion dans ses affaires" internes. "Ces fuites n'auront pas de conséquences sur les relations" entre Tunis et Washington, car il s'agit, d'"appréciations personnelles des ambassadeurs des Etats-Unis n'exprimant aucunement les positions de Washington", a-t-il estimé lors de la discussion du budget à la Chambre des Conseillers (sénat). M. Morjane a cependant dénoncé certains télégrammes relatifs à "des affaires internes" à la Tunisie, les qualifiant de "reproduction de mensonges et de calomnies de certains détracteurs qui s'acharnent obstinément à nuire" au pays. Ces télégrammes révélés mardi soir par le quotidien Le Monde affirmaient notamment que l'entourage familial du président Zine El Abidine Ben Ali est une "quasi-mafia" et que le régime tunisien "n'accepte ni critique ni conseil". Dans un câble daté de juin 2008, sous le titre "Ce qui est à vous est à moi", l'ambassade cite plus d'une dizaine d'exemples des abus de l'entourage familial du chef de l'Etat. "Ces allégations sont infondées et ne reflètent nullement la réalité", a dit M. Morjane, jugeant par ailleurs "sans crédit" voire "inacceptables" certaines révélations ayant trait aux relations de la Tunisie avec ses "frères" arabes. Il faisait notamment référence au compte rendu d'une rencontre du président tunisien avec l'émissaire américain David Welch attribuant à Tunis le point de vue selon lequel l'Algérie bloque le processus de l'Union du Maghreb. Sur les difficultés de travailler en Tunisie, l'ambassade américaine estime les Etats-Unis devraient demander aux Européens d'intensifier leurs efforts pour "persuader le gouvernement tunisien d'accélérer les réformes politiques". "La Tunisie a toujours, soutenu les causes de justice et de paix dans le monde et rejeté l'ingérence dans les affaires d'autrui, tout comme elle réfute toute immixtion dans ses affaires", a lancé le ministre, affirmant que les révélations de Wikileaks étaient l'objet d'une discussion au téléphone avec la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton.