La tempête Wikileaks continue de faire la pluie et le beau temps dans plus d'un coin du monde. Pourchassé dans plusieurs pays, le site qui publié, depuis dimanche, des télégrammes diplomatiques américains a, depuis hier, et après six heures d'interruption, une nouvelle adresse électronique suisse. Le ministre français en charge de l'Economie numérique, Eric Besson, aurait demandé hier aux autorités françaises compétentes de mettre fin à l'hébergement du site WikiLeaks en France. WikiLeaks serait hébergé dans le nord de la France par le serveur OVH depuis jeudi après avoir été hébergé par le serveur américain Amazon. Le ministère français a indiqué avoir demandé à un organisme spécialisé, le Conseil général de l'Industrie, de l'Energie et des Technologies (CGIET), de lui indiquer au plus vite les moyens de mettre un terme à l'hébergement de WikiLeaks dans ce pays. «Cette situation n'est pas acceptable. La France ne peut héberger des sites internet qui violent ainsi le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique», est-il écrit dans la lettre adressée par le ministre au vice-président du CGIET. «On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d'autres Etats en raison d'atteintes qu'ils portent à leurs droits fondamentaux», écrit M. Besson. La colère du président russe Le ton des relations internationales commence à se faire sentir, comme l'a déclaré, hier, le président russe, Dimitri Medvedev, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, à Sotchi (sud). «Ces fuites sont instructives et montrent au monde entier le cynisme des appréciations et des raisonnements qui dominent dans la politique étrangère de différents Etats ; en l'occurrence, je fais allusion aux Etats-Unis d'Amérique», a déclaré Medvedev, selon des images retransmises à la télévision. «Nous ne sommes pas paranoïaques et ne lions pas les relations russo-américaines avec de quelconques fuites, a-t-il aussi souligné. lls (les diplomates américains, ndlr) ont droit à ces appréciations, mais c'est une autre affaire quand elles sont rendues publiques: elles peuvent effectivement nuire aux relations internationales et se ressentir dans le ton des relations», a encore déclaré Medvedev. «Je pense que si par malheur des appréciations du ministère russe des Affaires étrangères ou des services secrets russes étaient citées dans la presse, y compris au sujet de nos collègues américains, ils auraient aussi eu un plaisir monstre», a-t-il poursuivi. «Mais est-ce nécessaire ? A mon avis, la diplomatie est une affaire de silence, comme la banque, et doit être pratiquée avec certains principes», a conclu le président russe. Quant à lui, le porte-parole du premier ministre russe, Vladimir Poutine, Dimitri Peskov, a qualifié le contenu des notes concernant la Russie de «foutaises», et émis le souhait de voir chez les partenaires de la Russie «une diplomatie plus professionnelle, sérieuse et réfléchie». Deux députés allemands demandent le rappel de l'ambassadeur américain Des députés du parti libéral (partenaire minoritaire de la coalition gouvermentale allemande) ont, de leur côté, demandé hier à Washington de rappeler l'ambassadeur américain à Berlin, Philip Murphy, après des révélations de WikiLeaks. «Le comportement de M. Murphy est inconvenant. Il faut rappeler un tel ambassadeur», a estimé Hans Michael Goldmann, député libéral (FDP), dans les colonnes de Bild, journal le plus lu d'Allemagne. «Il est permis de douter fortement de la confiance que l'on peut accorder à un interlocuteur comme M. Murphy», a lancé un autre député FDP, Bijan Djir-Sarai, dans le même journal. Interrogé sur ces appels lancés par les deux députés, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a assuré, lui, que Berlin continuerait à travailler avec M. Murphy. «Le gouvernement ne demande certainement pas le rappel de l'ambassadeur», a-t-il déclaré. Wikileaks s'intéresse, par ailleurs, à l'Algérie, diffusant des mémos et citant une ancienne sénatrice et une journaliste, algériennes, auteurs d'informations, selon ce site citant des télégrammes de l'ambassade américaine en Algérie, autour de l'élection de Bensalah à la tête du sénat et le troisième mandat présidentiel. Il est à noter, à ce titre, que pour d'autres pays, Wikileaks n'a pas cité de noms de personnes, contrairement à ces mémos sur l'Algérie. L'Algérie, l'autre préoccupation de l'armée marocaine Wikileaks a, d'autre part, évoqué un câble classé «secret» daté d'août 2008, selon lequel les diplomates américains en poste à Rabat évoquent «une armée marocaine en proie à des problèmes de corruption, une bureaucratie inefficace, de faibles niveaux d'éducation dans ses rangs, des menaces récurrentes de radicalisation de certains de ses soldats, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental». Les effectifs de l'armée marocaine sont estimés à 218 000 soldats, selon le mémo de l'ambassade américaine à Rabat. L'armée de terre compte 175 000 soldats, 13 000 militaires composent la force aérienne est 7800 sont dans la marine. La gendarmerie, qui «dépend directement du roi», compte 22 000 éléments. Le salaire moyen pour les militaires soldats est d'environ 2 000 dirhams (270 USD) par mois, note le mémo. Les officiers sont mieux rémunérés, avec un salaire de départ d'environ 6000 dirhams (USD 850) par mois. «Avec des avantages tels que le logement gratuit, ces (salaires) sont raisonnablement compétitifs dans le contexte marocain», souligne le document. Le Sahara occidental constitue la principale préoccupation de l'armée marocaine. A une certaine période (que la note ne précise pas), entre 50% et 70% des effectifs des forces armées marocaines étaient déployés au Sahara occidental. Le mémo de l'ambassade américaine à Rabat relève que l'autre préoccupation majeure de l'armée marocaine concerne l'Algérie. Selon le document américain, l'armée marocaine possède des «plans d'urgence» et effectue des simulations stratégiques pour contrer une possible attaque algérienne. Toutefois, l'armée marocaine ne dispose pas de troupes déployées le long de la frontière algérienne, selon le mémo. La CIA prévoit une guerre entre le Maroc et l'Algérie Une autre source, «Maghreb intelligence» cette fois, annonce que «la CIA prévoit une guerre entre le Maroc et l'Algérie». Selon cette source, «ces derniers jours, les câbles qui proviennent à Langley, siège de la CIA, depuis Rabat, Alger et Madrid ne sont pas du tout rassurants». «D'après une note urgente qui a été transmise à la maison blanche et au département d'Etat, les Marocains ont mis leurs forces armées en alerte maximale dans le sud du pays et ils s'apprêtent à en découdre avec le Polisario si jamais celui-ci tente la moindre opération militaire contre le Maroc», écrit ce site. «Les hautes autorités marocaines auraient demandé à l'état-major des FAR quelles seraient les conséquences «réalistes» d'un tel scénario», selon ce site. Cette guerre qu'aucun peuple de la région ne souhaite serait imputable à l'Algérie, selon ce site qui, au lieu d'appeler à la coopération et solidarité entre les peuples du Maghreb arabe et du monde entier, ne fait, malheureusement, que compliquer les choses dans cette région. Ce qui ne sert pas la paix tant voulue par les peuples de cette partie du monde.