TUNIS- Des dizaines de supporteurs des deux grands clubs rivaux de football de Tunis, le Club Africain et l'Espérance sportive de Tunis, ont manifesté mardi côte à côte, pour demander la levée de restrictions imposées dans les stades par le régime du président déchu Ben Ali. Les dizaines d'"ultras" des deux clubs, qui ont l'habitude de se heurter violemment autour des stades, chantaient à quelques mètres les uns des autres dans une ambiance bon enfant, sur l'avenue Habib Bourguiba où défilent quotidiennement les manifestants qui réclament la démission du gouvernement de transition. Mais leurs demandes n'avaient rien de politique: "Ultra, liberta", scandaient sur le parvis d'un centre commercial les supporteurs du Club africain. "On veut la fin des sanctions", répondaient en écho ceux de l'Espérance. Les deux groupes demandent la levée de l'interdiction des fumigènes et du déploiement de bâches géantes dans les stades, ainsi que la libération de leurs camarades accusés de violences par la justice, après des rencontres qui ont dégénéré en affrontements. Le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier par la "révolution du jasmin", avait pris ces mesures pour éviter les violences dans les stades: les fumigènes partis des tribunes visent parfois les joueurs de l'équipe adverse ou leurs supporters, et les banderoles comportaient souvent des propos jugés diffamatoires ou indécents. La Tunisie, comme son voisin algérien et de nombreux pays européens, connaît régulièrement des épisodes de hooliganisme et de violence dans ou autour des stades. Toutes les compétitions sportives sont suspendues dans le pays.