Le nouvel ambassadeur de France en Tunisie Boris Boillon est un diplomate arabophone, enthousiaste et fonceur car il estime que dans son métier "il faut mouiller sa chemise et prendre des risques". Ce fils de "pieds rouges", ces militants de gauche venus aider l'Algérie indépendante, est né en décembre 1969 à Alger, où son père était professeur d'anglais et sa mère enseignait la philosophie. "J'ai des souvenirs formidables de l'Algérie des seventies et durant les vacances, nous allions en Tunisie. Je garde de cette période un sentiment de liberté et de joie", affirme cet homme au visage enfantin qui a toujours besoin d'être en mouvement, comme son mentor, le président français Nicolas Sarkozy. A l'âge de dix ans, il traverse la Méditerranée avec ses parents qui s'installent à Besançon. Le bac en poche, il monte à Paris où il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'Institut national des langues et civilisations orientales. Mais il n'a jamais oublié les pays de son enfance et il fait son stage de "Sciences-po" en Tunisie. Il effectue sa coopération à Mascate (1993-1994) puis choisit de se perfectionner en arabe en passant un an au Caire et une autre année à Damas. Il intègre le ministère des Affaires étrangères en 1998 et devient conseiller à l'ambassade de France à Alger (2001-2004), puis consul général adjoint à Jérusalem, où il assiste le représentant spécial de l'Union européenne pour le processus de paix au Proche-Orient (août 2004-avril 2006). De retour en France, il est d'abord nommé, en avril 2006, chargé de mission puis conseiller diplomatique au ministère de l'Intérieur, où officie Nicolas Sarkozy. Il le suivra à l'Elysée comme conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient. En juillet 2009, il est nommé ambassadeur de France en Irak, où sa connaissance de la langue et son entrain vont le faire apprécier des autorités de ce pays. "Je suis ici pour faire venir les entreprises françaises car il y a du business à faire si on sait prendre des risques et être les premiers", explique-t-il. Il arpente les ministères à la recherche de contrats et peste contre la "frilosité" des compagnies françaises quand elles hésitent à investir. Il défend face aux sceptiques "la démocratie irakienne" et rejette les critiques sur l'autoritarisme prêté au Premier ministre Nouri al-Maliki. Pour montrer que le pays est sûr malgré les attentats, il n'hésite pas à faire venir ses deux petites filles en Irak et à se faire photographier avec elles. "C'est fort de l'expérience de l'Irak, où la démocratie a été obtenue par les armes que je me rends en Tunisie, où la démocratie a été gagnée par le peuple. C'est un défi formidable et c'est un grand moment pour moi d'arriver dans ce pays que je n'ai jamais connu respirant ce vent de liberté", assure-t-il en souriant.