BENGHAZI (Libye)- Des dépôts de munitions dans des zones sous le contrôle de la rébellion dans l'Est de la Libye ont été visés lundi par des raids aériens des forces du dirigeant Mouammar Kadhafi, selon des sources concordantes à Benghazi. Des avions ont frappé un dépôt à Adjabiya, à une centaine de km au sud de Benghazi, selon un témoin joint par téléphone, qui n'était pas en mesure de préciser l'étendue des dégâts. Un militaire de réserve à Benghazi, prénommé Adel, a pour sa part fait état de raids menés par deux avions sur Adjabiya et Rajma, à 15 km au sud de Benghazi, affirmant qu'ils avaient été repoussés par les tirs de la DCA. Selon lui, le raid à Adjabiya a détruit une citerne d'eau sans toucher le dépôt, ni faire de victime. Le 22 février, le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, avait reconnu que les forces armées libyennes avaient bombardé des dépôts d'armes, affirmant que les cibles se trouvaient loin des zones habitées. Seif Al-Islam avait ainsi démenti "des informations selon lesquelles les forces armées avaient bombardé les villes de Tripoli et Benghazi" selon la télévision libyenne. Il avait alors affirmé que les manifestants étaient armés, et que des chars militaires étaient aux mains de civils à Benghazi. Benghazi, la deuxième ville de Libye, située 1.000 km à l'est de Tripoli, est un bastion de l'opposition d'où est partie, le 15 février, la contestation populaire qui réclame le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans. L'opposition contrôlait lundi de vastes territoires de Libye, y compris les principaux champs de pétrole, alors que le colonel Kadhafi restait sourd à la pression internationale qui s'accentue, minimisant l'insurrection sanglante qui ébranle son régime. Au 14e jour d'une révolte sans précédent qui s'est muée en insurrection, Mouammar Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a adopté lundi un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches. Ces mesures, qui doivent être formellement entérinées dans la journée, pourraient entrer en vigueur dès lundi, selon un diplomate européen. La communauté internationale, Occident en tête, réfléchit en outre à une interdiction de l'espace aérien libyen afin d'empêcher des bombardements de la population. Face à la pression croissante de la communauté internationale pour un départ du dirigeant libyen, M. Kadhafi, est resté inflexible, fustigeant les sanctions de l'ONU et assurant que la Libye était "complètement calme".