DAMAS - Un opposant syrien de premier plan Mahmoud Issa a été arrêté en Syrie, selon l'Observatoire des droits de l'Homme, alors que le président Assad devait promulguer mercredi la levée de l'état d'urgence dans le pays en proie à un mouvement de contestation du régime depuis plus d'un mois. M. Issa, un ancien détenu politique, a été arrêté mardi soir à Homs, dans le centre de la Syrie, a affirmé mercredi le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane. "Une patrouille des services de la sécurité politique a arrêté mardi soir à Homs l'opposant Mahmoud Issa après qu'il eut accordé un entretien à la télévision al-Jazira", a indiqué cette source. Selon le journal al-Watan, proche des cercles du pouvoir, le président Bachar al-Assad devait promulguer mercredi le décret de levée de l'état d'urgence limitant drastiquement les libertés publiques. La fin de l'état d'urgence, en vigueur depuis l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963, est l'une des principales revendications du mouvement de contestation déclenché le 15 mars contre le régime, avec la libération des prisonniers politiques. Le président Assad a promis samedi qu'il serait levé dans une semaine maximum. L'état d'urgence réduit depuis près de 50 ans les libertés publiques, impose des restrictions à la liberté de réunion et de déplacement et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité". Mardi, le gouvernement a également annoncé l'abolition de la Haute sécurité de l'Etat, une juridiction d'exception, et la réglementation sur le droit de manifester. Les autorités ont prévenu qu'elles n'accepteraient aucune nouvelle manifestation "sous n'importe quel slogan". L'opposant Mahmoud Issa avait déjà été emprisonné de 1992 à 2000 pour son appartenance au parti du Travail (communiste, interdit) et de 2006 à 2009 pour avoir signé un communiqué Damas-Beyrouth qui appelait à un Liban souverain et indépendant. Sur al-Jazira, il avait demandé l'ouverture d'une enquête sur la mort annoncée mardi du général syrien Abdo Khodr al-Tellaoui dans la région de Homs, imputée par les autorités à des "groupes armés". Pour l'agence officielle Sana et les journaux officiels le doute n'est pas permis: "des groupes de criminels armés qui bloquent les routes et sèment la peur ont surpris le général Abdo Khodr Al-Tellaoui, ses deux enfants et son neveu (...) qui ont été tués de sang froid", ont-ils affirmé mardi. Le régime accuse "des gangs armés criminels" d'être à l'origine de la contestation et le ministère de l'Intérieur a promis de mater une "rébellion armée de groupes salafistes", au moment où les protestations s'amplifiaient. Amnesty International a accueilli mardi avec "satisfaction" l'annonce du gouvernement de lever l'état d'urgence et d'abolir la cour de sûreté de l'Etat, et a appelé le président syrien à "engager une action immédiate et concrète pour mettre fin à la vague d'assassinats de protestataires par les forces de sécurité". "Le président Assad doit accompagner ces mesures par une enquête immédiate et indépendante sur les assassinats et autres violations commis par ses forces", a ajouté Amnesty. Selon l'organisation des droits de l'Homme au moins 26 manifestants ont été tués ces derniers jours, portant à 220 personnes le nombre de personnes tuées depuis la mi-mars en Syrie, selon elle. A Homs, troisième ville de Syrie, au moins quatre personnes avaient été tuées par balles mardi avant l'aube lorsque les forces de sécurité ont dispersés un sit-in de plusieurs milliers de personnes, selon un militant des droits de l'Homme. Le sit-in appelait au départ de M. Assad. "Sit-in jusqu'à la chute du régime", scandaient les manifestants selon des vidéos diffusées sur YouTube.