Selon le chef du bureau de suivi psychologique de la sûreté nationale, Monsieur Boualem Kechacha, pas moins de 38 policiers se sont suicidés depuis l'année 2005 jusqu'à fin 2008, expliquant que ces cas de suicides sont essentiellement dus aux problèmes personnels, familiaux ou sentimentaux. Selon ce responsable aucun cas n'a de rapport avec les pressions causées par le travail. * Par ailleurs, le chef du bureau de suivi psychologique annonce le recrutement de 24 psychologues spécialistes pour l'année en cours. Le nombre total des victimes du terrorisme dans les rangs de la sûreté nationale est, selon lui, de 1800 agents. * * Ennahar : Les services de la sûreté nationale ont enregistré une hausse du tau de suicide. Pouvez vous nous donner les derniers chiffres, ainsi que votre analyse de ce phénomène en tant que premier responsable du suivi psychologique ? * * Avant tout, le suicide est un phénomène qui touche l'ensemble de la société algérienne, et le policier ou le fonctionnaire du secteur de la sûreté est lui aussi un membre de la société qui vie les mêmes problèmes et aléas de la vie que les citoyens en général. La fonction d'agent de la sûreté lui impose des conditions psychologiques et physiques. Certains lient le suicide au terrorisme, mais les études que nous avons effectuées sur le secteur de la sûreté nationale ont montré qu'il n'y a aucun lien objectif entre le terrorisme et le phénomène du suicide. Donc, il ne faut pas lier le phénomène à la décennie noire. Dans notre analyse, nous avons mis des mécanismes afin de prédire les cas susceptibles de mener au suicide. Il est difficile de prédire le suicide sauf dans des cas très particuliers, et dans ces cas là, la première chose à faire est de désarmer le concerné de son arme, sa mutation et dans les cas très particuliers, l'agent est rapprocher de son lieu de résidence. Ensuite, il subit un suivi psychologique. Les autorités supérieures du secteur ont décidé en 2003 de créer 46 cellules locales d'écoute et de suivi psychologique des agents de police. * * Ennahar : Quels sont les chiffres officiels de ce phénomène et quelles en sont les causes de cette augmentation parmi les agents de la sûreté nationale ? * * Pour être sincère concernant les chiffres dus au phénomène, en 1997 la moyenne du suicide était de l'ordre de 10 à 15 suicides par an sur 60 mille policiers. En 2007 nous avons enregistré 11 cas sur 140.000 policiers. Ce qui veut dire que le phénomène est en régression. * Donc si nous comparons les chiffres de l'année 1997 avec ceux de l'année 2008, il n'y a pas de phénomène appelé suicide au sein de la sûreté nationale. * Quant aux causes du suicide, chaque cas est un cas spécial. Les conditions de travail sont dures. Il y a beaucoup de pression, de fatigue et de stress. La majorité des agents travaillent loin de leurs lieux de résidence. Notre étude a démontrée que le suicide est lié à la vie privée de chaque personne. * * Ennahar : Voulez-vous dire par là qu'il n'y a pas de rapport ente le suicide et les conditions de travail ? * * Absolument, il n'y a aucun rapport entre les deux. Les études ont aussi prouvées que le port d'arme facilite l'usage de celle-ci lorsque la personne veut se suicider. Chose que nous avons pris en compte. Lorsque les psychologues détectent des personnes qui souffrent de problèmes familiaux ou qui passent des moments difficiles, alors nous prenons des dispositions préventives. La première est le retrait de l'arme, ensuite lui permettre de subir un suivi psychologique au niveau du service dépendant de son lieu de travail. Et bien entendu, nous essayons de lui venir en aide dans la résolution de ses problèmes selon les moyens dont dispose l'institution. * Je peux vous dire que 99% des cas de suicide sont du aux problèmes familiaux, sentimentaux ou d'autres raisons. * * Ennahar : Qu'en est-il de l'officier qui s'est donné la mort récemment à Hydra ? * * Concernant cet officer, l'enquête est toujours en cours pour déterminer les causes réelles de son suicide. Nous sommes actuellement en train de recueillir les informations sur sa vie familiale et privée ainsi qu'au sein de son milieu professionnel. * * Ennahar : Ne trouvez vous pas que le recrutement dans les rangs de la sûreté nationale impose une enquête administrative au préalable ? * * C'est ce que nous faisons mais le nombre qui est très grand reste une entrave. Il y a des cas qui échappent aux analyses ou qui ne sont pas bien étudiés convenablement. La possibilité d'erreur est de 2%. Par exemple, dans le cas de l'officier qu s'est suicidé à Hydra, il était possible pour nous de découvrir des choses qui nous auraient aidé à améliorer le régime appliqué. Nous sommes actuellement en train d'étudier tout les aspect, personnels, professionnels et familiaux en revenant trois mois en arrière. Il est possible que ce dernier souffrait de beaucoup de pression qu'il a du essayé de surmonter mais qu'il n'a pas pu. * * Ennahar : Qu'en est-il des policiers victimes du terrorisme ? * * Nous les considérons comme des victimes de traumatisme psychologique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. C'est dans ce sens que des cellules locales chargées de ces cas sont créées. La première étape est de détecter les agents qui ont subit des traumatismes ou choc psychologiques suite à leur activités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. * En 2008, 25 policiers ont bénéficiés de postes permanents, 111 ont bénéficiés de suivi psychologique, 59 ont été désarmés, 30 ont été mutés près de leurs lieux de résidence et 7 ont été transféré de leurs postes actifs. Le nombre total des victimes dans le corps de la police est de 1800 depuis le début de la décennie noire jusqu'à fin 2008. Ce sont des victimes directes du terrorisme. *