Il n'y aura point de triomphe des courants islamistes aux prochaines élections législatives. Une telle «menace» se dissipe peu à peu au gré des assurances déjà formulées en ce sens par des responsables des partis les plus en vue de l'échiquier national, le RND et le FLN en l'occurrence. Et pas seulement. L'idée d'un échec cuisant que pourraient essuyer les islamistes lors du prochain scrutin semble gagner aussi l'esprit des responsables officiels. Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, a soutenu hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale que l'hypothèse d'une victoire des courants islamistes lors des prochaines législatives est peu probable. Il argumente son analyse en affirmant que «ceux qui suivent la politique dans notre pays savent que les partis islamistes ont des ambitions différentes qui ne sont pas forcément doctrinales, mais simplement des ambitions de personnes», a-t-il déclaré. En décodé, Ould Kablia, pour qui «le peuple algérien connaît bien son mode», sous-tend implicitement que ce qui intéresse le plus les leaders islamistes en Algérie c'est plutôt le fait de graver des échelons au sein des institutions de l'Etat et non pas de servir le peuple par le biais d'un projet de société solide. «Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué», a ajouté l'invité de la radio pour qui «personne ne peut se mettre à la place du peuple pour dire vers quelle direction va se porter son choix». Ces propos visent assurément les milieux politiques d'obédience islamiste qui bombent d'ores et déjà le torse et qui tentent de faire croire à l'opinion que leur triomphe au prochain rendez-vous électoral est assuré. Le ministre de l'Intérieur ne manquera pas d'ailleurs de battre en brèche l'argument inventé par ces mêmes milieux pour le besoin de consolider leur propagande, argument inspiré par la montée des partis islamistes dans les pays de la région, secoués par les évènements du «printemps arabe». A ce propos, Ould Kablia dira que la comparaison avec ces pays n'est pas aussi probante et l'Algérie pourrait, selon lui, faire l'exception. Notre pays dispose, de l'avis de l'invité de la radio, de «spécificités et de valeurs sociétales qui ne ressemblent pas à celles qui existent ailleurs où les votes ont sanctionné des politiques plutôt que des valeurs». Au sujet des partis islamistes, il a également réagi sur la menace brandie par les dirigeants de l'ex-FIS de saisir les instances internationales pour se plaindre de leur exclusion de l'exercice de la politique en Algérie. Il explique à ce propos que «l'exclusion du jeu politique des ex-fondateurs du parti dissous n'est pas une nouveauté», rappelant que la dissolution de l'ex-FIS a d'abord été décidée en vertu d'une décision judiciaire remontant à mars 1992. Il enchaîne en affirmant que «sur ce point, ce n'est pas l'actuelle loi sur les partis qui a tranché, mais plutôt l'ordonnance de 2006 portant application de la Charte de la réconciliation qui interdit l'activité politique aux commanditaires de mouvements séditieux et violents contre les institutions et les attributs de l'Etat de même que pour ceux rendus coupables de crimes collectifs». La fraude, alibi des perdants Sur un autre volet et réagissant au risque de fraude massive à l'occasion des législatives de 2012, que vient d'évoquer le parti de l'opposition, le RCD, pour le nommer, Daho Ould Kablia qui semble ne pas trop s'étonner de cette sortie médiatique du parti de Saïd Sadi, a estimé que la fraude a toujours été l'alibi et l'argument de ceux qui échouent». Il poursuit en évoquant les mesures prises par les pouvoirs publics pour faire de ce scrutin une consultation devant se dérouler dans la transparence la plus parfaite. Il rappelle que le chef de l'Etat à lui-même exigé que ce scrutin «ne rassemble en rien à tous ceux qui l'on précédé». Pour garantir les règles de transparence, Ould Kablia a précisé qu'une quinzaine de mesure ont été adoptées en ce sens impliquant l'administration, la justice, les commissions de contrôle, en sus des observateurs internationaux, comme «gage supplémentaire du pouvoir algérien pour satisfaire les eternels suspicieux», a-t-il dit, insistant sur l'existence d'une volonté nouvelle de changer les choses. «Si des réformes ont été menées, c'est parce que tout doit changer et tout doit aller de la meilleure manière possible», argue-t-il. Le vote, lors des législatives de 2012, se fera par le biais d'urnes transparentes, une première en Algérie. Quelque 56 000 urnes de ce genre sont confectionnées, a indiqué le ministre de l'Intérieur, ajoutant que ce nombre sera revu à la hausse pour atteindre les 110 000 à fin février. Ould Kablia responsabilise d'ores et déjà les walis et les différents responsables locaux qui ont la charge d'assurer le bon déroulement de la prochaine consultation électorale. En cas d'impair constaté dans l'accomplissement de cette mission, notamment de la part des walis, ces derniers feront l'objet de révocation.
Une dizaine de nouveaux partis incessamment agréés Abordant la question d'octroi d'agréments aux nouveaux partis politiques, qui sont en attente de ce précieux sésame, le ministre de l'Intérieur a affirmé qu'il existe effectivement «une vingtaine de partis qui ont soumis des dossiers plus au moins complets. Mais seule une bonne dizaine a plus de chance, compte tenu du nombre d'adhérents qu'ils présentent et en fonction également du nombre de fondateurs qui parrainent la création de ces partis». Il considère en outre qu'une «dizaine ou une douzaine de dossiers peuvent passer la première étape, celle de l'autorisation qui leur sera accordée pour tenir les assises de leur congrès constitutif». Une autorisation assujettie, a-t-il rappelé, à la promulgation de la nouvelle loi sur les partis, qui devra d'ailleurs intervenir incessamment. En effet, l'invité de la radio a informé que «la promulgation de la loi sur les partis est imminente. Elle est entre les mains du président de la République qui la signera après une dernière lecture».