Les téléspectateurs se rappellent, certainement, de Nora Bencheikh, la star du JT (journal télévisé) de 20 heures au début des années 80, tellement elle a imprimé de son empreinte le journal télévisé le plus suivi de la journée. « C'est l'une des premières étoiles de la télévision, elle avec feu Aissat Mohamed Nadjib qui formaient un duo de stars », disent ses collègues. Malgré sa célébrité, Nora, ou Zid El Kheir, de son vrai prénom, était prête à troquer son poste de journaliste pour celui de diplomate, elle qui a toujours rêvé d'embrasser une carrière dans le domaine de la diplomatie. Sa venue à l'audiovisuel était un pur hasard, même si elle n'est pas « étrangère à la télévision », aime-t-elle à répéter, étant donné que dès son jeune âge, en étant enfant, elle s'y rendait régulièrement pour assister à des émissions infantiles, telles que « Le paradis des enfants » (Djannat el atfal) ou encore « Le jardin ensorcelant » (El hadika essahira). Alors qu'elle était en première année à l'université d'Alger, Institut national des sciences politiques et de l'information, l'opportunité lui a été offerte et elle ne l'a pas ratée. « Le défunt Ibrahim Belbahri et Harrat Bendjeddou avaient estimé que mon profil répondait à ce qu'il recherchaient », raconte Nora. « Ils m'ont donc proposé de travailler à la télé, les essais ont été concluants. L'avantage c'est qu'ils m'ont permis de terminer mes études universitaires. » Après toutes ces années, elle rend un grand hommage à tous ceux qui l'ont aidée dans son parcours journalistique, notamment le regretté Aissat Mohamed Nadjib. « Il m'a énormément soutenu sans oublier Mohamed Gherras, Mohamed Bellassel, Salah Gouami », tient-elle à souligner. Aux côtés de Naima Dridi, chef de rubrique internationale et Zahia Benarous, Nora Bencheikh s'est vue attribuer une place et, surtout, une confiance pour présenter le JT de 20 h alors qu'elle n'avait que 17 ans. « Nous étions les pionnières, nous avons marqué toute une génération », dit-elle fièrement. L'étoile du petit écran considère, néanmoins, que sa célébrité a été avortée prématurément « pour des raisons que je connais et d'autres que j'ignore », dit-elle, non sans un brin d'amertume. Elle comptabilise des diplômes et un cursus universitaire brillant couronné d'une licence en sciences de l'information et de la communication et des idées plein la tête pour un journalisme d'investigation. La femme et la journaliste qui n'a pas choisi son métier a fini, au fil du temps, par l'aimer, ce qui lui a valu une fulgurante réussite professionnelle. LA RADIO NATIONALE, UNE ETAPE IMPORTANTE A la Radio nationale, où elle a occupé le poste de rédactrice en chef, elle a surtout brillé par sa voix, à travers la présentation du principal journal radiophonique de la chaîne I. « C'était une expérience très enrichissante. J'ai senti que je me suis formée à la radio », dit-elle fièrement. Elle raconte cette étape avec beaucoup d'intérêt tant elle estime que c'était une phase laborieuse. Nora dit ne pas aimer le poste de responsabilité. Elle qui a eu à former de jeunes journalistes qui attestent aujourd'hui de sa compétence et de sa pédagogie comme le dit si bien une jeune journaliste : « Nora nous apprend à ne pas dire ‘'je ne sais pas''. Avec elle, tout est possible, il suffit d'avoir de la volonté ». Nora est convaincue qu'on ne peut pas avancer sans formation continue. Chose qui fait grandement défaut dans notre corporation. « Pour assurer la relève, il faut investir dans l'élément humain », note-t-elle. Tout le monde à la télé lui reconnaît sa rigueur, son humilité et son sens de l'innovation. « Elle s'investit à fond dans son travail, mais je la préfère dans la production. Il est une subtilité dans la production télévisuelle » atteste Mohamed Maalem. Nora se considère une femme rebelle. D'ailleurs, elle partage ce côté rebelle avec Nawal Sadaoui, l'écrivaine égyptienne dont elle a eu l'occasion de rencontrer à Batna, avec qui elle a réalisé un entretien exclusif pour la télévision algérienne. Parmi les émissions qu'elle a réalisées : « L'autre visage des prisons ». Sa passion ? Elle aime les voyages « parce qu'ils forment la personne. Je voyage depuis mon jeune âge ». Elle voue également un intérêt particulier pour la lecture, ses auteurs préférés sont Amine Malouf et Nadjib Mahfoud. Nora aime l'art en général, la musique et la chanson en particulier. Mélomane, elle a participé à « Alhan oua Chabab » en 1978, sans succès. Elle chantait au lycée Aïcha (Hussein Dey) à l'occasion des fêtes de fin d'année scolaire ou dans l'émission « inter lycées ». Elle aurait pu être aussi une star de la chanson eu égard à l'amour qu'elle voue à cet art. A Paris, elle a eu l'occasion de rencontrer le grand Baligh Hamdi avec qui elle a chanté.