Alors que le gouvernement s'apprête officiellement à ouvrir bientôt l'audiovisuel aux privés, les nouvelles chaînes de télévision ont toutes les peines du monde à imposer leurs styles et leurs programmes. L'absence de stratégies audiovisuelles, d'animateurs professionnels et surtout d'encadrement technique, leurs succès peinent à se dessiner, surtout en vue de la création d'un groupe important de télévision publique. Les quelques tentatives pour capter l'intérêt des téléspectateurs algériens sont vouées à l'échec. Sur le plan stratégie, aucune des nouvelles télévisions privées ne possède un manager ou un stratège capable de mettre en place une stratégie audiovisuelle pour le lancement de la chaîne. Comme on l'a vu à l'Entv avec Abdou B ou HHC, ou encore lors du lancement audiovisuel privé en France en 1981; avec Hervé Bourges pour TF1 puis France télévisions, Alain de Greef pour Canal + ou encore Jean Drucker pour M6. Ces nouvelles télévisions n'ont, contrairement à l'Entv, créé aucun organigramme, ni installé aucune équipe capable de mener à bien la bataille audiovisuelle dans le pays. Certaines chaînes comme Al Djazaïria fonctionnent comme une boîte de communication, puisque l'entreprise n'existe pas juridiquement. C'est le bureau de l'un des associés, en l'occurrence Riad Rejdal qui sert de siège social pour la chaîne. Alors que cette chaîne qui se vante d'avoir un JT, ne diffuse aucun reportage, le comble pour un journal télévisé et qui ne sait faire que des revues de presse. Les journalistes du JT d'Al Djazaïria n'ont aucune expérience d'un plateau télé. Le présentateur qui se la joue décontracté, fait perdre le sens et le principe d'un journal télévisé sérieux et pragmatique. De son côté, Echrourouk TV, avec plus de moyens humains, matériels et financiers, n'arrive pas à concurrencer le JT de 20h de l'Entv. Malgré la présence imposante de Leïla Bouzidi, le JT d'Echourouk TV, n'a pas de ligne précise ou tracé. C'est justement en raison de la multiplication des chefs sur cette chaîne aux grandes ambitions que celle-ci n'arrive pas à trouver sa place, surtout avec l'arrivée de plusieurs anciens cadres de l'Entv. On se pose parfois la question si ces personnes sont venues promouvoir une télévision ou bien la saboter. Dans ce brouhaha, Leïla Bouzidi se retrouve presque perdue et concurrencée par une autre chaîne privée; Ennahar TV qui a investi moins de moyens et recruté moins de cadres, mais a réussi à installer une seule vision, celle de son premier responsable, Anis Rahmani, qui a une vision audiovisuelle plus aiguisée que les responsables d'Echourouk et d'Al Djazaïria TV. Avec une seule star venue de la presse écrite, Habet Hanachi, il a réussi à effacer l'émission de Farida Belkacem de l'Entv et surtout celle de Leïla Bouzidi sur Echourouk TV. En attendant que les choses sérieuses commencent lors de l'ouverture réelle aux privés. Il est peut-être temps de solliciter l'aide et le savoir-faire des Occidentaux, comme l'a si bien fait le Maroc en recrutant des techniciens et stratèges espagnols et français pour le lancement de la 2M et de Medi TV ou encore des techniciens et des stratèges de la BBC pour lancer Al Jazeerra, Al Arabya et Dubaï TV. Avec des cadres, des techniciens ou des habitudes de l'Entv, on ne peut espérer dépasser l'Unique. [email protected]