Les entrepreneurs, les économistes et les universitaires divergent sur la question de la rente pétrolière et gazière. Ils ne sont pas non plus d'accord sur son bénéfice pour l'économie nationale depuis 50 ans au moment où les spécialistes dans le domaine des hydrocarbures parlent de baisse des réserves. C'est ce qui ressort du symposium économique ouvert, hier, à Alger sous le thème « L'urgence d'une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures ». Les intervenants ont pour la majorité appelé à « s'affranchir de la rente pétrolière » et de la dépendance de l'économie nationale de celle-ci, comme l'a recommandé Omar Ramdane, président d'honneur du Forum des chefs d'entreprise (FCE), qui relève que notre économie « est à la merci du prix du baril de pétrole qui devrait se maintenir à 100 dollars car en deçà, nos finances se déséquilibrent ». Pour sortir de cette dépendance, le FCE s'engage dans un programme de relance de l'économie hors hydrocarbures « car, dira-t-il, l'Algérie a les moyens financiers, et si cela ne se fera pas dans l'immédiat, il sera trop tard ». Pour sa part, Abdelmadjid Attar, directeur de Petrochem 2000 et ancien PDG de Sonatrach, a signalé que nos réserves prouvées en hydrocarbures sont en baisse depuis 2007 à 2010 avec 2,6 milliards de TEP (tonne équivalent pétrole) » alors que seulement 80% de ces réserves sont prouvées au moment où 50% du domaine minier sont exploités là où existent des forages. « En 2022, la rente gazière baissera pour les réserves prouvées », a-t-il avancé. Des solutions sont possibles, selon les experts et les chefs d'entreprise mais cela dépendra des « décideurs » car l'Algérie devra sortir de la dépendance à la rente ou mieux l'investir. Parmi elles, la diversification de l'économie qui reste peu probable, selon eux. Et pour cause, le professeur Mohamed Cherif Belmihoub souligne que le pays « a des problèmes structurels en termes d'exportations et de de budget de l'Etat ». LA RESSOURCE HUMAINE, L'AUTRE PROBLEME L'autre option vient du Pr Hocine Benissad. Il propose de « faire de la substitution à l'exportation » mais s'interroge : « est-ce que l'Algérie peut faire de la délocalisation industrielle ? » Réponse : « oui, si le pays va investir dans le productif et dans les ressources humaines » en notant qu'« on ne peut faire dans l'importation technologique à long terme, il faut disposer de ses propres capacités ». Mais pour le Pr Ahmed Benyakoub, le problème est plus crucial car il est lié à l'analphabétisme, la ressource humaine et l'investissement public alors que ses collègues proposaient le modèle sud-coréen pour sortir de la crise. L'Algérie a investi 600 milliards de dollars entre 1970 et 2010 tandis que la Corée du Sud en a mis 5000. « En revanche, les politiques économiques mises en place jusque-là ont précipité la mise à mort des entreprises publiques », observe-t-il. Aujourd'hui, le bilan est que « l'économie dépend des investissements publics et du Trésor », a indiqué Rachid Sekkak, expert dans le financement. Pour lui, il est temps d'encourager les entreprises activant dans la substitution et pourquoi pas offrir des exonérations fiscales. Le secteur de l'agriculture n'est pas en reste. L'Algérie devra plus s'orienter vers l'agriculture pluviale, selon Mourad Boukella, expert dans le domaine et les industries liées à ce secteur. Pour leur part, les chefs d'entreprise affirment qu'ils sont très actifs sur le marché national. Aujourd'hui, le symposium sortira avec une cinquantaine de résolutions pour une nouvelle trajectoire économique en Algérie, selon les organisateurs.