Une étude analytique de la gendarmerie nationale (GN) sur le phénomène de vol de véhicule en Algérie a démontré une hausse quasi permanente du nombre de délits, depuis 2000. Ainsi de 2000 à 2003, plus de 1500 vols y ont été enregistrés. Et si entre 2004 et 2005, ils ont connu une baisse avec 730 cas, la hausse a repris de 2006 à 2008 avec plus de 2000 vols. La moyenne la plus faible a été constatée en 2009 avec 190 cas, alors que l'année 2010 a connu une hausse avec 815 affaires impliquant 640 personnes. Selon cette étude, 569 véhicules ont été récupérés en 2010, ce nombre a augmenté en 2011 pour atteindre le chiffre de 673 véhicules. Les investigations des enquêteurs de la Gendarmerie nationale durant les mois de janvier et février 2012 ont permis aussi de retrouver 126 véhicules. Selon cette étude, la moyenne de vol de véhicules en Algérie a augmenté en 2011 de près de 69,94% par rapport à 2010. Concernant la cartographie du phénomène, l'étude indique que le vol s'est proliféré pour atteindre la plupart des wilayas bien que Oran, Alger, Tizi-Ouzou, Ouargla et Constantine demeurent les wilayas les plus touchées. 20 MINUTES POUR ‘'DESOSSER'' UN VEHICULE Contrairement à l'idée reçue, les voleurs préfèrent les véhicules anciens et accidentés. Pour les premiers, il s'agit de les revendre en pièces détachées. Les véhicules provenant de la contrebande, à travers les frontières viennent en deuxième position ainsi que les véhicules volés à l'étranger et introduits avec de faux documents. Pour le mode opératoire, l'étude souligne que les réseaux criminels procèdent généralement au ‘'désossement'' des véhicules. L'opération se fait en 20 minutes au niveau du lieu dit « El djazzar » dans la région de Batna, connu comme « cimetière de véhicules ». Autre mode opératoire avant la vente : la repeinte des véhicules, la falsification des plaques d'immatriculation ou des numéros des châssis. Autres méthodes d'action : le vol des voitures en pleine circulation avec usage d'armes blanches reste le moyen le plus fréquent, particulièrement dans les zones les plus reculées. DE FAUSSES VICTIMES POUR ESCROQUER LES ASSURANCES Mais les enquêtes ont révélé aussi qu'il existe une autre méthode de vol qui consiste en une entente entre les propriétaires et les bandes de voleurs pour escroquer les sociétés d'assurance. « Les propriétaires ‘'désossent'' leurs véhicules vendus sous forme de pièces détachées puis avisent les sociétés d'assurance pour signaler leur vol avant d'obtenir des indemnités », explique un cadre de la gendarmerie. Pour lutter contre phénomène qui constitue, selon l'étude « une atteinte à l'économie par la circulation informelle de fonds véhiculés par les organisations criminelles internationales », le commandement de la GN a pris plusieurs mesures rigoureuses. Des fiches analytiques sur la carte criminelle ont été établies ainsi que le renforcement du travail du renseignement et la coordination avec les services concernés. 50 000 VEHICULES RECHERCHES La GN a élargi aussi le déploiement de ses unités de sécurité routière et de ses patrouilles mobiles, à travers le territoire national pour identifier les véhicules au niveau des barrages et pour contrôler en permanence le parc automobile. Ces véhicules sont équipés du système PDA permettant d'identifier tous les véhicules sur place à partir de leur numéro de châssis. La banque de données du système compte actuellement plus de 50 000 véhicules recherchés par la gendarmerie au niveau national. En outre, les unités des gardes-frontières ont été instruites pour intensifier des patrouilles le long du tracé frontalier et intercepter ainsi les véhicules issus de la contrebande ou utilisés dans la contrebande. Le commandement de la GN souligne que « le trafic de véhicules a engendré une situation de non-sécurité chez les citoyens ». Le Lieutenant-colonel, Kerroud, responsable de la cellule de communication, a lancé un appel, aux victimes de vol de véhicules pour le dépôt immédiat de plainte.