Les véhicules neufs sont de plus en plus ciblés. L'Algérie s'achemine vers le “vol électronique” de voitures basé sur le démarrage systématique du moteur dès son arrêt, et ce, grâce aux données contenues dans son fichier intégré au tableau de bord. L'année 2011 aura marqué plusieurs familles algériennes victimes de vols de leur voiture. C'est parce que le mode opératoire a changé, les victimes ne voient que du vent ! Selon une étude analytique réalisée par les services de la Gendarmerie nationale, les moyens utilisés par les bandes de voleurs de véhicules ont nettement changé et révèlent des secrets à même de rester bouche bée devant le fait accompli. Ainsi nous, dit-on, “les moyens utilisés diffèrent d'une bande à l'autre”. Cela s'explique par le fait que parmi les méthodes utilisées par les criminels figure le fait d'attirer les conducteurs de taxi et les clandestins ou les bus de transport de voyageurs pour les acheminer vers un endroit choisi d'avance en contrepartie d'une somme d'argent alléchante et suivant un plan étudié. Suite à quoi, les chauffeurs sont orientés vers les routes secondaires pour les agresser et accaparer leur véhicule. Cette ruse est utilisée généralement lors de déplacement d'une wilaya à une autre et au niveau des stations terrestres et stations de taxi. Aussi, les agresseurs cernent la victime avec des véhicules l'obligeant à s'arrêter, l'agresser et lui prendre son véhicule, suivre de près le véhicule ciblé jusqu'à son arrivée à un dos d'âne, percuter le véhicule par l'arrière pour obliger le conducteur à s'arrêter pour s'assurer de l'état du véhicule ; à sa descente, le chauffeur est agressé et le véhicule pris. Autre stratagème : suivre les victimes dans des endroits difficiles où il n'y a pas beaucoup de circulation, la victime est obligée de s'arrêter, elle est agressée et le véhicule pris. Mieux, le véhicule est volé à l'endroit de son stationnement après avoir suivi la victime. Cela va sans dire que la méthode classique est toujours en vogue. “Calquer les clés de véhicules, surveiller le propriétaire après l'obtention du numéro d'inscription, le véhicule stationné est facilement volé. Ou encore faire croire au propriétaire du véhicule de la volonté d'achat et choisir l'endroit de rencontre connu d'avance, là le propriétaire est agressé et le véhicule volé”, explique encore le rapport de la GN. Mais les réseaux ne s'arrêtent pas à ce stade puisqu'ils font appel aux jeunes filles qui lient des rendez-vous avec les victimes en s'entendant avec le reste de la bande. Les victimes sont délestées de leur bien. “Il existe une autre méthode de vol qui consiste dans l'entente entre les propriétaires et les bandes de voleurs pour escroquer les sociétés d'assurances. Les propriétaires désossent leurs véhicules vendus sous forme de pièces détachées, avisent les sociétés d'assurances pour signaler leur vol et obtenir des dédommagements”, signalent les spécialistes de la GN. Les aérosols lacrymogènes, les armes blanches, armes à feu, l'agression conduisant des fois à la mort sont souvent usités par les bandits pour accaparer des véhicules. Evidemment, la falsification des documents des nouveaux véhicules fait partie de ce mode d'emploi surtout chez des concessionnaires. Causes, identités et chiffres effrayants La hausse de la criminalité organisée sous toutes ses formes en Algérie, mais aussi le développement des moyens techniques utilisés dans le trafic avec l'apparition de réseaux spécialisés a connu une hausse continue de 2010 à 2011. En ce sens, indique l'étude analytique de la GN, les multiples enquêtes diligentées montrent que les réseaux de trafic ciblent certains modèles de véhicules, selon leur origine, comme les anciens modèles utilisés pour falsification de documents administratifs et coller la plaque portant le numéro de châssis, les véhicules accidentés, ceux provenant de la contrebande à travers les frontières et, enfin, les voitures volées à l'étranger et frauduleusement introduites avec de faux documents et les véhicules volés à l'intérieur du pays, qui, par ailleurs, se chiffrent en centaines. “L'année 2010 a connu une hausse avec 815 affaires où 640 personnes ont été arrêtées. En 2011, 1 385 affaires ont été traitées et 503 personnes impliquées ont été arrêtées. Nous déduisons à travers l'analyse de ces données que la moyenne de vol de véhicules en Algérie a augmenté en 2011 avec près de 70%. En 2011, la GN a constaté 337 véhicules volés, dont 298 véhicules légers, 4 véhicules de type 4X4, 29 véhicules lourds et 6 motos”, lit-on dans ce document exclusif. Mais le plus dramatique demeure dans le fait qu'en 2011 et pour les mois de janvier et février 2012 le nombre de véhicules volés a atteint 1 368 unités de différents types dans leur état initial avant leur désossement. “Les malfaiteurs procèdent généralement au désossement des véhicules volés avant de les vendre sous forme de pièces détachées ou repeindre le véhicule, falsification de la plaque d'immatriculation ou numéro de châssis avant de le revendre. Ce phénomène est notamment observé à Oran, Alger, Tizi Ouzou, Ouargla et Constantine”. Et si le vol n'est qu'un fait criminel qui répond aux exigences des réseaux transnationaux, il est évident que ce crime répond également aux spécificités du crime organisé qui, en premier lieu, est fournisseur numéro un du marché des pièces détachées récupérées. “Parfois les véhicules ciblés par le vol sont des véhicules dont les pièces détachées sont introuvables. Ils sont désossés dans des ateliers clandestins et leurs pièces vendues chèrement sur le marché. Tous les véhicules sont ciblés pour falsifier leurs documents de base et les châssis avec la complicité d'employés d'administration et les propriétaires d'ateliers, des fois, la pièce détachée est vendue à bas prix aux commerçants de déchets ferreux”, notent les services de la GN. Trafic de véhicules : les deux modes en vogue Les services de la GN sont formels. “Il existe deux sortes de trafic dont celui de documents et trafic technique”, et ce, en enlevant la plaque d'immatriculation, couper, recouper et souder, ce qui touche surtout les véhicules volés et destinés à la contrebande. Ce volet est strictement technique et confié aux “artistes” qui procèdent à effacer le numéro de châssis et inscrire celui d'autres véhicules usagés, changer l'aile portant le numéro de châssis et la monter minutieusement. Mais le pire demeure dans “l'introduction des changements techniques et mécaniques sans l'obtention d'une autorisation de la part des autorités concernées”. Dans ce cadre, les services de la GN ont traité en 2010 plus de 484 affaires qui se sont soldées par l'arrestation de 817 personnes. En 2011, ce sont 505 affaires de trafic de véhicules qui furent traitées et 714 personnes impliquées ont été arrêtées. Le plus grand nombre d'affaires de trafic de documents a été enregistré en 2010 dans la wilaya de Tébessa suivie d'El-Tarf, Aïn Defla, Batna et Sidi Bel-Abbès. Raison pour laquelle “la carte criminelle est exploitée à bon escient pour obtenir les renseignements et coordonner efficacement avec les différentes unités et services concernés, le vaste déploiement des unités de la GN à travers le territoire national”, développe encore ladite étude. Les GGF sont mis à contribution à travers des patrouilles tout le long du tracé frontalier pour et intercepter les véhicules issus de la contrebande ou utilisés dans la contrebande. Il faut savoir que tous les outils d'identification et de recherche sont déployés de jour comme de nuit afin de juguler ce phénomène, et ce, en sollicitant le concours de toutes les unités territoriales et l'Institut national de criminologie et de criminalistique (INCC) de Bouchaoui dans l'authentification de documents administratifs. Moralité : la vigilance est de mise ! F B