Il lui suggère d'accepter le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui qui n'a « jamais connu l'autorité d'un souverain au-dessus de celle de la tribu » avant la colonisation espagnole en 1884. Autre rappel du think tank de Washington : la résistance armée lancée par les Sahraouis au début des années 1970, suite à la répression perpétrée par les troupes espagnoles. C'est en ne voulant pas se laisser entraîner dans une guerre que Madrid a annoncé pour 1976 un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui, écrit-il dans une rétrospective pour expliquer le bien-fondé des revendications du Front Polisario. « L'Espagne a violé cet accord conclu avec les Sahraouis en signant les accords de Madrid de 1975 prévoyant le transfert de l'administration du Sahara occidental au Maroc et à la Mauritanie (qui s'était retirée du Sahara occidental en 1979), en échange du droit de pêche le long de la côte », soutient Brookings. « En dépit de cet accord, la Cour internationale de justice, dans une affaire portée devant le tribunal par le Maroc, a statué que les revendications de ce pays sur le Sahara occidental » ne justifient pas sa souveraineté sur les territoires. « Elle a plutôt recommandé l'autodétermination pour les Sahraouis », rappelle l'institution américaine. « Mais en violant cette décision, le Maroc a envahi le Sahara occidental en novembre 1975 avec sa marche verte » et « encouragé les colons marocains d'occuper les terres du Sahara occidental, en les y attirant avec les salaires doubles, les exonérations fiscales et le logement subventionné », poursuit Brookings. « Grâce à ces avantages, les colons marocains représentent actuellement plus de la moitié de la population au Sahara occidental où le taux de chômage est des plus élevés chez la population autochtone », constate le think tank américain soulignant que cette dernière est soumise « des traitements extrêmement durs par l'armée marocaine, dont l'empoisonnement des puits, la destruction des stocks alimentaires, l'incendie des terres et des maisons, les mutilations, les viols, les arrestations arbitraires et les assassinats ». Ironie de l'histoire, s'étonne Brookings, les oppresseurs des Sahraouis sont des « coreligionnaires musulmans » qui « sans preuve aucune » évoquent des liens entre al Qaïda au Maghreb islamique et le Front Polisario. Le think tank américain n'est pas le seul à regretter l'entêtement marocain. Mohamed Abdelaziz, le président sahraoui, qui dénonce régulièrement l'intransigeance de Rabat et ses obstacles devant le processus de négociations sous les auspices de l'ONU, aussi.