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Quand la France perd la raison
Campagne électorale
Publié dans Horizons le 24 - 03 - 2012

Le tueur de Montauban et de Toulouse, éliminé après un siège de plus de 30 heures, mené par les forces spéciales de la police française, n'est qu'un criminel que n'importe quelle société peut voir surgir un jour de ses entrailles. Le fait qu'il se réfère à une nébuleuse terroriste abstraite comme Al-Qaïda, comme le fait d'annoncer à tout bout de diatribe électorale ses origines étrangères, ne disculpe en rien la société française, sa société originelle. Car au bout du compte, cette affaire est essentiellement française. Son contexte, ses référents, ses dimensions, humaine et historique, sont français. La folie mystique, apparemment évidente - quoiqu'un mort, c'est toujours avare en explications - n'explique pas tout.
L'horreur des crimes ne peut s'exclure du contexte dans lequel ils ont été commis ; la nature des victimes tout autant. Des militaires d'origine maghrébine, des enfants franco-israéliens de confession juive. Pourtant, c'est bien ce contexte que l'on veut, apparemment, éluder quand on lit et relit les analyses et éditoriaux des médias français après l'élimination de Mohamed Merah.
UN PROBLÈME FRANÇAIS
Pourtant, ce criminel est né et a grandi dans une cité populaire de Toulouse, les Izards, une cité oubliée de Dieu, des hommes et surtout des pouvoirs publics. Mohamed Merah entré, selon le procureur de Toulouse, dans un processus « d'autoradicalisation salafiste atypique » est en fait un jeune exemple typique de la non intégration des jeunes des banlieues. Un exemple typique avec un parcours extrême certes, mais typique de l'exclusion que vivent des centaines de Français des banlieues. Il a ainsi, tout au long de son adolescence, accumulé les condamnations pour vols et violences, avant d'être incarcéré durant dix-huit mois. Le délinquant voudra quand même rejoindre l'armée française dans la légion étrangère. Un proche dit qu'il a été éconduit sans avoir été soumis aux entretiens avant l'engagement. Toutefois, ce jeune qui, une fois sorti de prison, voudra se mettre au service de son pays, la France, est présenté comme un islamiste radical qui a connu ses premiers enseignements religieux fondamentalistes et son endoctrinement en prison.
La particularité des événements et le refus d'en évoquer leur contexte semblent à tout point de vue singuliers. On oublie que la France a fait face à des attentats terroristes d'obédience islamiste, il y a 17 ans. En toute objectivité, on avait bien observé une dérive criminelle d'un autre jeune exclu. Il s'agit de Khaled Khelkhal. Ses origines, si elles servent d'un point de vue statistique, elles n'excluent pas un autre LEM, une loi de Murphy - si une chose peut mal tourner, elle va infailliblement mal tourner - tout à fait intéressante à observer.
C'est cette grande impossibilité à s'intégrer qui est un pousse au crime dans la société qui a vu grandir Khelkhal, Merah et d'autres potentiels terroristes fabriqués par la société française. Certes, le contexte ne justifie en aucune manière le crime ni ne peut l'atténuer, mais en tout état de cause, le crime devrait obliger la société au moins à se regarder en face.
Après son élimination en 1995, on découvrait Khaled Khelkhal expliquant à un chercheur allemand, trois ans auparavant, comment il avait cherché « la reconnaissance et la dignité et ne les (a) pas trouvées ». L'affaire Khelkhal avait révélé les oubliés de la société française. L'affaire Merah rappelle que rien n'a été fait pour justement éviter que de tels drames se reproduisent en France. Merah, ce Français de Toulouse, repose les mêmes questions aux politiques français, 17 ans plus tard. Ses origines algériennes n'ont alors pas plus d'importance qu'en ont les origines hongroises de Nicolas Sarkozy, le président candidat à sa propre succession. Cela étant, il y a aussi un autre contexte, tout aussi troublant, celui de la campagne pour l'élection présidentielle en France. Même si on a décidé de suspendre la campagne pour cause de grande catastrophe, il va sans dire que les événements faisaient écho à la campagne.
D'ailleurs, si tant est qu'on en ait parlé de ce fait divers sanglant, c'est bien parce que des candidats en campagne ne pouvaient éviter de l'évoquer.
RESPONSABILITE
Le président candidat en a parlé plus d'une fois. Il a qualifié Mohamed Merah de « monstre » et de « fanatique » lors d'une réunion publique à Strasbourg après l'élimination du terroriste. Le président Sarkozy a également estimé que ce serait une « faute morale » de vouloir « chercher une explication » au geste de l'auteur de sept assassinats à Montauban et Toulouse. « Ces crimes ne sont pas ceux d'un fou. Un fou est irresponsable. Ces crimes sont ceux d'un fanatique et d'un monstre. » Un fanatique et un monstre né en France, élevé en France, éduqué en France, un fanatique et un monstre français.
Que l'Etat français combatte les monstres de cette espèce, cela fait partie des missions régaliennes d'un Etat.
« Le fait de montrer du doigt les uns et les autres en fonction de leur origine, c'est faire flamber les passions, et on le fait parce que dans ce feu-là, il y a des voix à prendre », c'est immoral, comme le soulignait un autre candidat à la présidence française, François Bayrou. « On lance des sujets dans le débat, on prononce des mots qui roulent comme une avalanche et parfois tombent sur des fous », indiquait-il. Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, ou Eva Joly, candidate des écologistes, ont rappelé qu'il y a « clairement eu des discours discriminants et stigmatisants de la part de Nicolas Sarkozy et de la part de Claude Guéant. Cela n'arrange rien. Je pense que nous sortons d'une période de cinq années où on a monté les Français les uns contre les autres ».
Les événements de Toulouse intervenus quelques jours après un débat des plus tumultueux sur le passé colonial de la France ont donné de la dimension à tous ces éléments historiques qui font aussi la France. La France avec son passé colonial, son Histoire et ses liens avec l'antisémitisme, son immigration, tout cela a ressurgi parce que tout simplement il n'y a pas lieu d'en faire l'impasse. Dans le même temps, vouloir renvoyer sur les autres ses propres responsabilités en évoquant les origines étrangères d'un criminel, comme si c'était ces origines qui font le tueur, a de quoi choquer notamment les gens de cette origine qu'ils soient en France ou dans leurs pays.
Les appels à éviter l'amalgame suffisent-ils alors pour calmer les propos ? Il est clair qu'on est dans l'amalgame au moment même où en on évoque le risque.
D'autant que cela émane des personnalités les plus en vue en France.


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