Heureuse initiative que celle prise par les organisateurs du festival du film amazigh en procédant à la projection du film « La montagne de Baya » de Bouguermouh à l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, à Tizi-Ouzou dans une salle pleine à craquer de patients, de leurs proches et des personnels soignant et traitant. Judicieuse aussi car le cinéma peut constituer une thérapie. Le cinéma et la psychiatrie, dans ses diverses branchent, ont, toujours pour ainsi dire fait la paire lorsque l'on sait que le cinéma a toujours traité de la psychiatrie et de la psychanalyse. Le docteur en psychiatrie, Jean-Pierre Salvarelli, le soulignera d'ailleurs en rappelant que « la psychanalyse et le cinéma sont nés au même moment. C'était en 1895 avec la publication des Etudes sur l'hystérie de Freud et la projection de L'Entrée du train en gare de La Ciotat des frères Lumière. Il y a là une même culture, un même élan, et même un vocabulaire commun : les séances, les projections. Certains disaient même que le cinéma mourrait avec la psychanalyse. En réalité, le cinéma et la psychanalyse posent une même question : est-ce qu'une image est une image ou autre chose qu'une image ? » Le Dr Ziri, professeur en psychiatrie et actuel DG du CHU de Tizi-Ouzou, nous dira que « le cinéma occupe toujours une place prépondérante dans la vie d'un hôpital psychiatrique ». Il illustrera son propos en nous précisant que « les architectes concepteurs des hôpitaux de psychiatrie ont toujours inclus dans leur conception et plan une salle de projection qui peut aussi être modulée en salle des fêtes. Tous les grands hôpitaux de psychiatrie disposent de ce type de salle à l'image de ceux de Fernane-El Hanafi de Tizi-Ouzou et Frantz-Fanon de Blida". De son côté, Mourad Allache, ergothérapeute, explique que le cinéma permet aux patients de s'exprimer : « Des patients se replient, souvent, sur eux-mêmes, s'enferment pour éviter la société ce monde étrange pour eux. Les études menées font ressortir que le cinéma les resocialise, leur permet de reprendre contact avec la réalité. Particulièrement lors des débats qui suivent la projection d'un film car les patients peuvent s'exprimer et donc prendre la parole ». En prenant soin, soulignera un autre thérapeute, « d'éviter des films violents comme par exemple ceux traitant justement de la folie et de la psychiatrie ». C'est dire que la démarche des organisateurs du festival a été bien accueillie. « L'esprit du festival est toujours d'aller à la rencontre des publics. Comme il y a des publics qui n'ont pas accès au cinéma, c'est donc normal que le cinéma aille vers eux », expliquera M. Assad, et d'ajouter : « Etre heureux de voir le festival réussir ce pari d'aller pour la première fois à la rencontre des gens comme les pensionnés de cet EHS dont les responsables nous ont ouvert grandes les portes de leur hospitalité et convivialité ». M. Abbassene, directeur de cet établissement hospitalier spécialisé, a précisé que ce n'est pas la première fois que l'hôpital organise des projections de films et autres spectacles à des fins thérapeutiques, rappelant la longue collaboration qui le liait à la cinémathèque d'Alger.