Près de 150 personnes, patients et proches, ont assisté, lundi après-midi, à la projection de La montagne de Baya à l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, à Tizi Ouzou. Le Festival du film amazigh veut toucher tous les publics. Dans nos sociétés méditerranéennes, le fou n'est pas fou, il est différent. Il est peut-être même le détenteur de la sagesse. Nous lui faisons une place parmi nous, au milieu de nous. Si la société ne l'exclut pas, pourquoi le cinéma fera-t-il autrement ? Notre démarche a toujours été empreinte de tolérance, de compréhension. Il y a des publics qui n'ont pas accès au cinéma. C'est donc à nous d'aller vers eux. Et c'est pourquoi, pour la première fois, le Festival du film amazigh a demandé l'hospitalité à l'asile psychiatrique de Oued Aïssi qui a bien voulu nous accueillir, afin de faire en profiter ses patients», a déclaré le président du Festival du film amazigh. Et c'est pour ne pas priver tout un public que la direction de l'hôpital spécialisé Fernane Hanafi a décidé d'accueillir la projection du film La montagne de Baya afin d'en faire profiter les patients. «Notre action rentre dans le cadre thérapeutique, nous voulons faire rentrer le monde extérieur à l'hôpital avec le travail très important des ergothérapeutes. Le cinéma est une fenêtre vers le monde pour nos patients. Nous organisons régulièrement des manifestations culturelles. Après le cinéma, nous accueillerons bientôt des galas musicaux. L'essentiel est d'éviter l'enfermement», souligne Achour Abbassene, directeur du centre hospitalier. L'hôpital psychiatrique, Fernane Hanafi, a derrière lui une grande tradition dans la diffusion de films. Depuis les années 1970, il collabore avec la Cinémathèque d'Alger. Boudjemaâ Karèche avait pour habitude d'organiser des rencontres-débats une fois par mois dans les lieux. «En psychiatrie, certains patients se replient sur eux-mêmes, s'enferment pour éviter le contact avec la société. Le cinéma les resocialise, leur permet de reprendre contact avec la réalité. Il convient, évidemment, d'éviter les films violents ou ceux susceptibles de créer de grandes confusions émotionnelles. Pour nous, le film est aussi intéressant que les débats qui s'ensuivent, car les patients peuvent s'exprimer et donc prendre la parole», explique Mourad Allache, ergothérapeute. Le cinéma et l'aliénation, la réponse est peut-être à Tizi Ouzou. La ville des Genêts ne compte qu'une seule salle de cinéma, avec un matériel professionnel dont un projecteur de 35 mm. Et cette salle se trouve dans l'hôpital psychiatrique. Qui a dit qu'il y a des fous à l'hôpital ? Qui est fou ? Qui est cinéphile ? Toutes les réponses n'ont pas élu domicile où l'on pense.