Comme Kidal, l'autre grande ville de la région, Ansogo, Bourem, Aguelhok, Tessalit et Tinzawaten, des localités du nord, elle est passée, hier matin, sous les commandes du Mouvement national pour la libération de l'Azawad, appuyé par Ansar Dine, un groupe armé islamiste et les Mujao des dissidents de l'Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique. Tombouctou serait sur le point de céder aux assauts des rebelles. Les putschistes, qui avaient évoqué l'échec du président Amadou Toumani Touré à mater la rébellion, lancent des SOS. Les Maliens, qui voient impuissants l'essentiel du Nord de leur pays passer aux mains des rebelles, finiront-ils par plonger, pieds joints et mains liées, dans le chaos ? Plus de 20.000 d'entre eux se sont retrouvés, hier après-midi, au stade Modibo Keïta, à Bamako, à l'initiative des responsables des trois principales religions du pays, pour prier pour la paix et « sauver le Mali ». « La situation est critique », avoue le chef du Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE), le capitaine Amadou Sanogo. Acculé par les rebelles dans ses derniers retranchements, il doit affronter la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. La CEDEAO, qui a menacé la junte d'un embargo d'un embargo « diplomatique et financier » si l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli d'ici à demain, a mis hier en alerte sa « force d'intervention », soit 2.000 hommes. Objectif de cette mission, selon l'Ivoirien Alassane Ouattara qui « souhaite éviter la guerre » : « préserver à tout prix l'intégrité territoriale du Mali ». Autrement dit, elle n'ira pas à Bamako pour remettre au pas la junte qui veut continuer la lutte pour « sauver la population et l'intégralité territoriale du Mali ». Cette dernière a délégué, hier, trois représentants à Ouagadougou. Leur mission : rencontrer le président burkinabè, Blaise Compaoré, pour lui expliquer que « l'heure n'est pas au durcissement » ou aux « menaces » et demander un soutien à l'armée pour endiguer l'avancée des rebelles. « Et pourtant, nous avons des armes, des hélicoptères de combat et les munitions déjà payés », croient savoir certains médias à Bamako. Selon le colonel Moussa Sinko Coulibaly, un des trois envoyés de Sanogo à Ouagadougou, la junte proposera « très rapidement » de nouvelles mesures pour rétablir un pouvoir civil à Bamako. « Sur les grands principes qui nous ont été demandés, nous disons que nous sommes d'accord. Il faut une vie constitutionnelle régulière et normale. Nous ne voulons pas confisquer le pouvoir », dit-il dans une conférence de presse à l'issue de discussions avec Blaise Compaoré. Ce dernier, en sa qualité de médiateur de la CEDEAO a dépêché Djibrill Bassolé, son chef de la diplomatie à Bamako pour rencontrer Sanogo. Une question s'impose : le coup d'Etat du 22 mars dernier, n'a-t-il pas été fait pour barrer la route de la présidence, le 29 avril, aux deux favoris qui ne sont pas proches d'ATT, accélérer la conquête du nord par les hommes du MNLA et ouvrir le territoire malien aux ingérences étrangères au nom de la lutte contre l'Aqmi que les Occidentaux financent par le paiement rubis sur l'ongle des rançons et peut-être de la préservation de la paix au nord du Mali quand les alliés d'aujourd'hui, le « laïc » MNLA et l'« islamiste » Ansar Dine, solderont leurs comptes ?