Le sort en est jeté. Dans les législatives des attentes démocratiques, le rêve algérien, conçu dans la douleur et les sacrifices incommensurables, est un éternel ressourcement. S'il a bien résisté à la dure épreuve de la barbarie terroriste, érigée en arme de déstabilisation massive, l'on est bien en droit de croire que la nouvelle épreuve renouvelle le défi majeur de réussir l'urne de la consolidation de l'Etat démocratique. Le message au contenu novembrien, lancé par le président Bouteflika, le 24 février, à Oran, est explicite. Il sollicite, en toute urgence, une révolution citoyenne à portée de bulletin de vote et une mue qualitative de la classe politique engoncée pour le moins dans des réflexes et des pratiques archaïques et discriminatoires. L'esprit des réformes prône la modernisation de la vie politique, une plus grande ouverture sur la société et le renouvellement des élites. La rupture se prévaut du droit reconnu à la femme à une représentation conforme à son poids et à ses compétences intellectuelles et managériales. C'est une avancée importante qui fait, avec des fortunes diverses, le bonheur des partis attachés à la modernité. Ceux-là font de la « parité » un atout de campagne : le RND se réclamant à Alger de cette tendance nouvelle, la caution du FLN aux 15 candidatures féminines dans des circonscriptions importantes, le PT exhibant ses 11 femmes placées en tête de liste... Bien au-delà de la bataille des sièges, suscitant des ambitions légitimes et inévitablement des remous dans la vie partisane, l'esprit des réformes souffle sur la classe politique qui a appris à composer au féminin et à concéder des espaces d'expression pour cette catégorie politiquement discriminée. Avec un air de parfum, l'Algérie nouvelle ne sera-t-elle pas plus démocratique et plus belle ? Ne le sera-t-elle pas davantage avec un souffle de jeunesse porté par le partenaire majoritaire de la société ? A l'épreuve du changement, la révolution partisane dicte la fin de l'ère monopolistique et la nécessaire démocratisation interne antinomique, à bien des égards, avec les cumulards des mandats et les « ministre-candidats » sauvés de la trappe par le rejet de la proposition de loi édictant l'incompatibilité de la représentation et l'exercice des charges gouvernementales. Le retrait de Ziari, le président en exercice de l'APN a, de ce fait, valeur de pédagogie. Il a affirmé que son refus de se porter candidat s'inscrit « en droite ligne des réformes votées par l'APN et des engagements pris par le président de la République de donner toutes leurs chances aux nouvelles générations issues de l'Indépendance ». Au moment où l'Algérie s'apprête à célébrer le cinquantenaire de l'Indépendance, la sortie de Ziari se veut porteur d'un message de changement. « Par la symbolique et la valeur d'exemplarité que représente cette décision, j'espère aider mon parti, le Front de Libération nationale (FLN), à se rénover et se mettre au diapason des aspirations de notre impatiente jeunesse algérienne, afin de pouvoir rester le fer de lance du courant nationaliste et progressiste que les pères fondateurs ont initié », précise-t-il dans un communiqué rendu public. Cette part belle offerte à la jeunesse inspire aussi le RND qui, à l'exception de Chérif Rahmani, a décidé de retirer ses ministres de la course électorale. « Je ne suis pas candidat aux prochaines élections législatives. Je cède la place aux jeunes », clame, de son côté, Bouabdallah Glamallah, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs. Le passage de témoin participe activement à l'émergence de l'Algérie rassembleuse, apaisée et soucieuse de garantir une alternance démocratique des défis contemporains.