Elle parle sans fausse modestie de son expérience de poétesse. Pour elle, l'écriture est une catharsis, qui lui permet de se dire et de dire sa société, les siens. Elle ne se sent vraiment en ataraxie que lorsqu'elle écrit ou lit. C'est pour elle une thérapie. La littérature de graphie amazighe, dit-elle, a, depuis quelques années, pris son envol, avec la publication d'un nombre important de romans. « Je pense que les lecteurs berbérophones accordent de plus en plus d'intérêt à la littérature d'expression amazighe ces derniers temps. A chacune des ventes-dédicaces que j'organise à travers les quatre coins de la Kabylie, je constate avec bonheur une affluence accrue des lecteurs. Ces derniers m'affirment que ce qui s'écrit dans notre langue traite exactement les sujets que traitent les littératures universelles. C'est une bonne chose et c'est encourageant pour nous, jeunes écrivains », affirme-t-elle. La preuve, ajoute-t-elle, « nos œuvres sont lues aussi bien à l'université où elles sont d'ailleurs enseignées qu'en dehors des institutions éducatives. C'est un bon signe pour nous », estime-t-elle. En effet, depuis l'introduction de la langue amazighe dans l'enseignement, beaucoup de lycéens ont commencé à lire des livre qui parlent de leur vie, leur quotidien et dans leur langue. « Mes œuvres, celles de M. Zinia et de M. Tazaghart se vendent plutôt bien. Ce qui dénote l'attention particulière que leur accordent le lectorat », dit-t-elle. Lynda a plusieurs cordes à son arc. Pour cause, en plus de l'écriture, la romancière anime depuis quelque temps une émission à la radio locale de Tizi-Ouzou. Cette nouvelle expérience radiophonique l'empêche quelque peu de se consacrer pleinement à l'écriture. « Je me consacre entièrement à l'émission que j'anime à la radio et donne le meilleur de moi-même. J'avoue que j'écris moins qu'avant, même si je n'ai jamais arrêté d'écrire. Ce n'est pas le même rythme qu'il y a quelques années », a-t-elle précisé. A la question de savoir ce qu'elle traite dans sa poésie, la poétesse affirme qu'elle écrit sur divers thèmes, dont l'amour, la paix, la liberté et la femme. Sur ce point précis, elle soutient être d'abord, et avant tout, un être humain avant d'être une femme. « Nous sommes des êtres humains avant d'être des femmes », précise-t-elle. En ce qui concerne son premier roman, elle dira qu'elle raconte dans « Aεecciw n tmes », (La chaumière de feu), une belle, mais triste histoire d'amour entre Fadhma et Larbi. Ce dernier tombe sous le charme de la jeune femme et cédera aux feux de l'amour. Il passe des journées et des nuits entières à penser à celle qu'il aime, et avec laquelle espère vivre. En un mot, désormais, il ne vit que pour sa dulcinée, qu'il qualifie de sa douce moitié. Mais comme dans toutes les histoires d'amour, la leur est rattrapée par la jalousie. Yamina, tante maternelle de Fadhma, rêve de marier sa fille à Larbi. Elle tentera le diable pour créer la zizanie entre les deux amoureux. Comme une diablesse, elle sollicitera les services d'une sourcière pour empoisonner la jeune fille, déjà enceinte. « Aεecciw n tmes » plonge dans les tréfonds de la mécanique humaine et dévoile tout ce que l'homme possède d'inhumain. Notons que la romancière a déjà publié trois recueils de poésie, à savoir « Comme une forêt de mots dits », L'aube vierge » et « Lligh uqbel ad iligh ». (J'ai existé avant d'exister) Elle a aussi pris part au forum Femme-Méditerranée, il y a quelques années, avec la nouvelle « Anagi n tudert ». (Le voyage de la vie). Cette participation lui a valu un prix d'encouragement et un prix d'excellence. Enfin, la romancière pense que la littérature algérienne d'expression amazighe est promue à un bel avenir, notamment avec les nouveaux talents qui comment lentement, mais sûrement, à asseoir les bases d'une littérature qui n'a rien à envier aux autres.