L'opération, a débuté vers 18h, a pris fin vers 22h. Les quartiers ciblés sont El Houria, Chorfa, Zeboudj, Bensouna, Chettia. Les éléments réquisitionnés sont au nombre de 250 policiers. Le chef de service de la police judiciaire à la Sûreté de wilaya de Chlef (SWPJ), commandant de l'opération, entame son briefing. Il scinde ses éléments en deux groupes et insiste surtout sur le respect des citoyens pendant l'opération. Une demi-heure plus tard, tout le monde est sur le terrain. Ils ratissent des endroits chauds, réputés être des points noirs. Toutes les personnes suspectes ont été soumises à des fouilles systématiques. Lors de cette descente, ayant visé beaucoup plus les lieux de vente illicite d'alcool, les services de police ont réussi à saisir 800 bouteilles de bière, liqueurs diverses et vins, de production locale et étrangère, dans les endroits douteux et à l'intérieur des forêts qui ceignent la ville. DES BARS À CIEL OUVERT Des endroits boisés se transforment, à partir d'une certaine heure de la journée, en un immense bar à ciel ouvert. Des quantités impressionnantes de bouteilles vides jonchent la forêt, offrant une image de désolation dans cette partie de la ville censée être un jardin public ou un espace de détente pour les familles. La descente effectuée au lieu-dit oued Tighrit s'est conclue par la découverte des « caches » de boissons et de kif traité. L'endroit est devenu une véritable décharge de boissons alcoolisées. Durant l'opération, six personnes, trouvées sur les lieux, ont été interpellées. Le brigadier avait interpellé un jeune au moment où il jetait un paquet de cigarettes contenant des morceaux de kif. Il a pu y retrouver le bout de shit dedans. Le commissaire de police Khaled Ben Osmane, chef de la 5e sûreté urbaine et commandant de l'opération, nous explique que les dealers procèdent à une nouvelle technique : celle de dissimuler les morceaux de drogue destinés à la commercialisation sous les herbes afin d'échapper au contrôle des services de sécurité et à leur arrestation en flagrant délit. Le dealer interpellé justifie sa présence dans les lieux par sa situation sociale. « J'étais commerçant de fruits et maintenant je chôme. Je viens ici pour mendier. » Le policier, qui découvrit sur lui une somme de plus de 800 DA, lui rétorqua : « ça rapporte la mendicité, surtout qu'on ne te donne que des billets de 200 DA et pas de monnaie ! » Le commissaire affirme que le mis en cause est un repris de justice connu et qu'il active dans ce lieu. Un autre champ situé prés du « projet de 1200 logements » est ratissé. Les policiers en civil en charge de cette mission se sont rendu compte de la présence de dealers cachés derrière les buissons. Le groupe, qui a vu de loin le convoi de la police, a vite fait de prendre la fuite à la faveur du terrain accidenté, avant d'être surpris par d'autres policiers en embuscade. Ces derniers ont procédé à l'arrestation d'un vendeur de cannetes de bière dans un seau ! A l'arrivée au quartier Chérifi Kaddour, la cité était dans une quasi obscurité. Un habitant se lamente qu'elle soit devenue une cité où l'insécurité règne en maître, avec, en sus, une urbanisation sauvage et une clochardisation du site. Les policiers ratissent à l'aide de lampes de poche. Un quingénaire interpellé se révéla dans un état d'ivresse avancé. Malgré son état d'ébriété, il reconnaît quand même les policiers et distingue les grades. Il lance à l'officier : « non, hadaret, je ne suis pas saoul, mon véhicule est en panne ». A Hai Bensouna, un dépôt a été fermé suite à une décision du wali, nous dit-on. Les policiers veulent en avoir le cœur net et procèdent au contrôle du lieu mais rien à signaler. Vers 20h, le convoi effectue un saut à Hai Zebouj. L'ambiance semble assez paisible. Des jeunes suivent un match, mais l'un deux tente de fuir. La patrouille procède à son interpellation. Les policiers trouvent, suite à une fouille corporelle, sur lui une arme blanche. La ronde continue au quartier dit « Radar » où des des personnes recherchées sont appréhendées. PROSTITUEE À L'ÂGE DE 16 ANS 22h : l'opération prend fin sans gros soucis, bien qu'un dangereux criminel objet de trois mandats d'arrêt a été débusqué. Le criminel avait usé d'une bombe lacrymogènes contre les policiers pour couvrir sa fuite. Mais, après une courte poursuite dans l'oued, il tombe finalement dans le filet des policiers. Au terme de cette descente nocturne, les actions des deux patrouilles de police ont été marquées par 240 examens de situation. Tous les contrevenants ont été emmenés au commissariat pour les procédures d'usage. Des centaines de bouteilles et des canettes de bière et autre vin ont été saisies lors de cette opération. Les mis en cause ont été arrêtées pour ivresse sur la voie publique, vente de boissons alcoolisées sans autorisation, prostitution, création de lieux de débauche et consommation de drogue, explique le chef de la police judiciaire. « Sur les 13 personnes interpellées, figurent 7 femmes, dont une mineure âgée de 16 ans, pour création de lieu de débauche ». Les mises en cause ont été arrêtées, suite à un renseignement, en flagrant délit dans trois des appartements contrôlés. « Ces endroits sont ciblés », explique le chef de la SWPJ, qui précise que les services de police ont même arrêté des collégiennes, une situation qui renseigne sur la démission parentale. Les affaires traitées par les services de sécurité dans le cadre de la lutte contre le phénomène de la prostitution ont fait ressortir que la prostitution n'a pas d'âge. Des femmes âgées de plus de 50 ans ont été appréhendées en flagrant délit, alors que d'autres étaient chargées de « recrutement » de nouvelles victimes. Six individus ont été arrêtés pour port d'armes et 8 autres pour ivresse publique et manifestation. Le bilan fait état aussi de l'arrestation de huit individus recherchés faisant objet de mandat d'arrêt. 161 OPERATIONS EN UN MOIS L'opération à laquelle nous avons assisté n'est pas la première, explique le lieutenant Chérif Ankoud, chargé de communication de la sûreté de wilaya de Chlef. les services de police ont effectué 116 opérations durant le mois de mars dernier, soit 40 descentes par semaine, ayant permis l'interpellation de 695 personnes, dont 65 déférées devant le parquet. Leur objectif « est avant tout la prévention », précise l'officier. Par ailleurs, le taux de couverture sécuritaire est estimé à 80% suite à la création de plusieurs sûretés et l'ouverture de 3 sûretés urbaines avec un taux qui atteindra les 100% durant l'année 2014, selon le chef de sûreté de wilaya de Chlef le commissaire divisionnaire Abdelmadjid Gourari. Une cinquantaine de sûretés pour les 13 daïras que compte la wilaya de Chlef seront réalisées, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, à Ténès, Boukadir, Bénihaoua. Une BMPJ sera inaugurée au cours de cette année à Krimia. Le responsable de la police précise que la petite criminalité est maîtrisée et que les litiges fonciers viennent en tête des délits enregistrés, compte tenu du caractère rural de la région. Les habitants de la wilaya de Chlef ont salué cette initiative. Le gérant d'une cafétéria au niveau du complexe sportif, à la cité Assalem, n'a pas caché sa satisfaction. « C'est une délivrance. Nous ne pouvons qu'approuver cette opération ». SAISIE DE DIPLÔMES FALSIFIES Les éléments de la police judiciaire ont procédé ce début de semaine au démantèlement d'un important réseau spécialisé dans la falsification des documents administratifs, apprend-on, par ailleurs, auprès de la cellule de communication de la sûreté de wilaya de Chlef. Les enquêteurs de la PJ ont réussi à mettre la main sur plus de 200 diplômes d'ingénieur d'Etat et d'études universitaires d'application (DEA) délivrés par l'université Hassiba-Benbouali de Chlef et l'université des sciences et de technologie d'Oran. Ces diplômes étaient destinés aux entrepreneurs pour les utilisre dans les appels d'offres. Selon le lieutenant Chérif Ankoud, le chargé de communication, c'est sur investigations diligentées par les services de la PJ, suite à un renseignement sur des appels d'offres douteux pour la réalisation d'un institut national de formation à Chlef au niveau de la direction de la formation professionnelle, que l'enquête a été déclenchée. Les enquêteurs, après perquisition du domicile de l'un des entrepreneurs, situé au niveau de la commune de Chettia, ont saisi plus de 200 diplômes d'ingénieur d'Etat falsifiés, ainsi que d'autres documents falsifiés comportant aussi des cachets de plusieurs administrations publiques. Le matériel informatique a été également saisi dans cette opération. Les investigations ont conduit à l'arrestation de sept personnes dont cinq entrepreneurs, A.A.B., 35 ans , CH. J., 33 ans, K.Z., 27 ans, B.M., 53 ans , K.M., 26 ans et un fonctionnaire M.M., 53 ans. L'entrepreneur B.M. a remis des documents falsifiés à d'autres entrepreneurs, selon l'enquête de la police. Les mis en cause ont été présentés dimanche dernier devant le juge d'instruction près le tribunal de Chlef. Les trois principaux accusés ont été écroués et les trois autres sont sous contrôle judiciaire.